Brossant la fresque d'un demi-siècle de "co-évolution" des contextes économiques, des concepts de l'orientation et des méthodes et instruments, il a décrit la période 1950-1970 comme celle de la correspondance entre une croissance économique sans limite, le concept d'ajustement-adéquation entre la personne et son environnement et les méthodes des tests et de l'information. Pour lui, la période 1995-2005 voit correspondre la montée de la globalisation et du changement permanent, le life-long and life-wide learning et des méthodes et instruments tels que l'intrapreneuriat et le coaching.

Depuis 2005 environ, nous sommes entrés dans l'ère de la génération Y ou celle des ''digital natives'' qu'a décrite Marc Prensky en 2001, le concept pertinent est celui de "life design", il a été présenté en détail dans la revue L'orientation scolaire et professionnelle n°39/1-2010. Toutefois, ses méthodes et instruments restent largement à inventer.

Au passage, il s'arrête sur quelques mythes pour mieux les démonter : le mythe de la stabilité (les jobs successifs remplacent professions et métiers), le mythe de la carrière (l'auto-organisation et la construction permanente remplacent la carrière), le mythe du client "libre" -client à nouveau au sens de Rogers- (le client est pris dans un éco-système plus qu'il ne fait de véritables choix personnels), le mythe des instruments (les réalités subjectives et la perception du client sont plus fortes que les tests), le mythe de l'effet (il n'y pas de causalité simple, la prédiction météo remplace les études statistiques).

Depuis une décennie, on assiste, nous rappelle Jean-Pierre Dauwalder, à l'émergence de standards internationaux : adoption de standards programmatiques par l'IAEVG-AIOSP en 2003, web-based kit for self-assessment en 2008, rapport sur l'évolution du conseil en orientation en Europe (CEDEFOP 2009).

Jean-Pierre Dauwalder nous ouvre ensuite le couteau suisse multi-lames de l'orientation. Il est fait de 5 compétences-lames de base : conseiller, mener des entretiens, diagnostiquer/évaluer, informer/guider, animer des séances. On y ajoute 2 compétences techniques : travailler en réseau, assurer la qualité (ce point est essentiel dans la démarche du Lausannais et des Suisses). Enfin 5 compétences complémentaires peuvent être convoquées : accompagner/coacher, concevoir des modules, faire de la recherche, relations publiques, conduire des projets. L'université de Lausanne a construit un dispositif de formation expériencielle de grande qualité des conseillers d'orientation en installant près de la gare de Lausanne une consultation d'orientation. L'auto-évaluation est un outil largement pratiqué, aussi bien chez les étudiants que chez les conseillers.

Lu sur le site de l'université de Lausanne :

Bienvenue. Nous cherchons à comprendre comment non seulement les caractéristiques bio-psycho-sociales d'une personne qui interagissent entre elles et co-évoluent au cours du temps, mais encore comment les contextes éco-systémiques influencent l'évolution et le développement de l'individu. Les compétences de notre équipe portent sur le processus de conseil, l'orientation et la réinsertion socio-professionnelle, la qualité de vie, la psychologie communautaire, les méthodes d'intervention, les méthodes d'évaluation. Nous offrons un riche éventail d'outils théoriques, méthodologiques et une expérience pratique sous supervision, permettant l'acquisition et la maîtrise des savoirs, savoir-faire et savoir-être nécessaires à tout psychologue. Le changement permanent de l'environnement socio-économique, les compétences nouvelles qui émergent, mais aussi le travail transdisciplinaire et en réseau avec d'autres professions d'aide nous incitent à favoriser la polyvalence de nos futur-es psychologues conseillers-ères.

Pourquoi consulter ?

Dans un monde sans cesse plus complexe et de moins en moins prévisible, tout choix d'avenir apparaît aujourd'hui des plus incertains et inquiétants. Aussi, la perplexité de l'individu devant ses possibles futurs réclame une attention toute particulière. Aujourd'hui l'orientation n'apparaît plus ni comme un moment privilégié de la vie, ni comme réservée à une certaine classe d'âge. Elle est pensée comme un processus expérientiel, évolutif et maturationnel complexe.

Les demandes d'orientation ont beaucoup évolué ces dernières années, et ne se limitent plus à des jeunes en fin de scolarité. Nous rencontrons de plus en plus d'adultes et de demandeurs d'emploi malmenés dans leur existence, à qui il faut réapprendre à croire en leur avenir et à construire des projets personnels et professionnels (orientation, réorientation, formation, perfectionnement et insertion socioprofessionnelle).

L'université de Lausanne a ouvert il y a plus de 30 ans, tout près de la gare, un service de consultation de grande qualité et considéré comme une référence internationale. La consultation est un lieu de formation supervisée, de recherche et de développement de nouvelles stratégies et processus de prise en charge. Mais aussi un lieu d'application et d'évaluation des outils d'orientation, de conseil et de guidance.

Il faut prendre très au sérieux le travail, l'expérience et le message exigeant, ouvert et optimiste (oui, optimiste !) du professeur Jean-Pierre Dauwalder. Il a conclu ainsi au Mans le 23 septembre, et nous ne pouvons que l'en remercier profondément et chaleureusement : Il nous faut avoir confiance et affirmer nos compétences. Il faut oser élargir la vision de notre mission jusqu'au life-designing (construire sa vie).

Ce billet a été modifié le 31 décembre 2020