Christian Heslon, directeur de l'IPSA-UCO Angers et Laurence Cocandeau-Bellanger, directrice des études à l'IPSA-UCO, sont intervenus sur la thématique de la formation initiale et continue des psychologues des âges de la vie.

S'orienter, se réorienter, pour éviter d'être désorienté

Christian Heslon a d'abord nommé les cinq marqueurs qui, selon lui, ont marqué la "petite histoire de l'orientation" : l'intelligence (Binet-Simon, Spearman et leur héritage) ; les préférences et les intérêts (Cattell, Holland, Super) ; la motivation (Maslow, Nuttin, motivations intrinsèque et extrinsèque) ; la vocation résurgente (Activation du développement vocationnel et personnel de Pelletier, Noiseux et Bujold, puis Bandura et le sentiment d'auto-efficacité) ; le chaos vocationnel (Riverin-Simard).

D'après lui, l'orientation est confrontée aujourd'hui à des problèmes inédits : les sociétés de contrôle, de mesure induisent un repli instrumental ; la peur de l'avenir, l'angoisse du futur voire l'effacement de l'avenir ne facilitent pas les comportements d'anticipation et cantonnent nos contemporains dans un présentisme croissant ; le calendrier intime des individus est chamboulé ; la labilité des connaissances oblige à remplacer le "triptyque savoir - savoir faire - savoir être" (Argyris) par le triptyque "savoir faire faire - savoir faire savoir - savoir devenir".

Se former à accompagner les transitions

Comment nous formons-nous à accompagner les transitions ? Comment bâtir une formation réflexive tout au long de la vie à partir de sa propre expérience ? Comment intégrer l'opportunité, comment apprend-on à saisir les opportunités ? Sans doute en développant chez le sujet les stratégies de coping, de résilience et, comme le dit Jean-Pierre Boutinet, "la disposition à recevoir et à accueillir".

Être en mouvement plus qu'en campement

À des conseillers d'orientation-psychologues sur la défensive et inquiets devant la force croissante du Marché dans les prestations d'orientation, Christian Heslon a lancé : "Choisissez le mouvement et non le campement". Cette formulation fait écho aux propos qu'avait tenus Bernadette Dumora le 18 mars 2009 au Mans-Rouillon : À chaque fois que je rencontre les conseillers d’orientation-psychologues, je leur dis toujours la même chose. C’est absolument frappant : quand on va dans les universités étrangères et qu’on rencontre les conseillers étrangers, et je suis allée dans beaucoup de pays au monde, quasiment nulle part je n’ai trouvé un pays où le conseiller ait moins confiance en lui et en sa professionnalité qu’ici en France.

Elle ajoutait : C’est vrai que les discours sur nous sont d’une démobilisation épouvantable, et c’est insupportable. Mais il faudrait faire quelque chose pour la lisibilité. On a des savoir faire, des savoirs, une professionnalité, les contours d’une profession, on a un territoire à nous. Alors oui, il est forcément inconfortable, car il est entre l’école et l’emploi, entre l’individu et la société, et ce, dans un monde extrêmement complexe. Mais je crois qu’on reste trop là, les bras ballants, à se battre et à réagir défensivement aux différentes attaques qui nous sont formulées. « On ne voit pas le conseiller »… « On a été mal orienté »… Tous ces discours, interrogeons-les, et n’ayons pas peur de montrer ce qui nous spécifie, et quels sont nos apports véritables.

On ne saurait mieux dire. Et faire.