C'est le vrai prix du bac, hors Bac professionnel. Il s'agit, selon le syndicat, d'une dépense globale qui intègre, hors le Bac professionnel rappelons-le, les dépenses liées à l'organisation des épreuves mais également le montant des trois semaines d'enseignement perdues, chaque année, par l'ensemble des lycéens.

Nombre de lycéennes et lycéens de 2de générale et technologique, nullement impliqués dans quelque épreuve anticipée du Bac, se retrouveront désoeuvrés cette année du 17 juin au 5 juillet. Trois semaines oisives à ajouter aux 8 semaines de congés scolaires estivaux : une chance sans doute pour les enfants d'enseignants et les parents qui peuvent payer à leurs enfants des séjours linguistiques ou culturels et des cours privés payants, mais pour les autres ?

Le constat 2013 dépasse largement les précédentes estimations. Quinze fois le montant évoqué dans un rapport des inspections générales rendu public il y a un an, qui avait évalué "entre 90 et 100 millions d'euros" le coût d'une session.

Et même trente fois l'estimation d'une cinquantaine de millions d'euros communément admise rue de Grenelle. "Nous avons collecté des chiffres publics éparpillés dans les bases de données ministérielles", explique Philippe Tournier, le secrétaire général du SNPDEN dans le quotidien Le Monde du 11 juin. Les dépenses liées aux épreuves finales n'en représentent qu'une "modeste part" : 74,5 millions d'euros, selon le syndicat.

La suppression de trois semaines de cours : 8% de l'année scolaire en moins

Quelque 8 % de l'année scolaire des lycéens – classes de seconde et de première comprises – part ainsi en fumée. "Tout le monde, parents d'élèves en tête, déplore les cours supprimés, mais rares sont ceux à bien mesurer que le coût de fonctionnement est pratiquement constant", observe Philippe Tournier, qui rappelle que "les heures supplémentaires annuelles continuent d'être versées". La "reconquête du mois de juin", tentée en 2009 sous le ministère Darcos, n'a permis de récupérer qu'une semaine de cours. D'après le SNPDEN, trois semaines de cours perdues coûteraient donc... 1,437 milliard euros.

Une machine huilée ou une immense usine à gaz ?

Seize millions d'euros, c'était peu ou prou le coût global estimé du seul baccalauréat général il y a cinq ans. Avec les bacs technologique et professionnel, la facture montait à 36 millions d'euros, selon l'estimation rappelée par les inspecteurs des finances et de l'éducation nationale. Entre les sessions 2008 et 2009, les dépenses ont bondi (+ 45,5 %), principalement du fait de la revalorisation de l'indemnité de correction, passée de 1,32 à 5 euros la copie (4 millions de copies).

Rappelons que le nombre de candidats a doublé en 30 ans, que celui des langues évaluées s'est multiplié – jusqu'à 57 aujourd'hui –, mais aussi qu'on a laissé se développer les épreuves facultatives et qu'on a créé des épreuves supplémentaires... Au moment où l'argent public se fait de plus en plus rare, faut-il continuer à dépenser autant pour un examen que plus de huit candidats sur dix décrochent ?

À quand un Bac plus simple, plus fiable et moins coûteux ?

Comme beaucoup d'acteurs du monde éducatif, le SNPDEN opte pour un examen "plus simple et plus fiable", dans la lignée des préconisations faites par les inspecteurs généraux dans leur rapport publié en décembre 2011 : resserrer l'examen en renforçant ses dominantes, privilégier le contrôle en cours de formation, e donner "le temps d'une réflexion partagée"...

Sujet sensible s'il en est. Le Bac tel qu'il est, hiératique, immarcescible, irréfragable, infrangible, fait figure d'un tabou national. En 2005 par exemple, on a vu que la tentative faite par le ministre Fillon d'introduire une part de contrôle continu s'était heurtée aux lycéens.