Cinq ans après la circulaire de juillet 2008, qu’a-t-on fait des Parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF) ? D’après Dominique Bourget, directeur académique adjoint, à l’école, la réussite de chacun passe par une orientation progressive, continue, coopérative et partenariale bien en amont des échéances.

Avec De l’éducation à l’orientation aux parcours de découverte des métiers et des formations, Bernard Desclaux présente en pages 17-26 une orientation qui fut d’abord professionnelle au début du 20è siècle avant de se scolariser progressivement dans les années 1970-1980. L’éducation à l’orientation entre au collège en 1996. Elle y sera remplacée en 2005, de la 5è à la terminale, par les parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF). D’après l’auteur, la mise en œuvre des PDMF a souffert de plusieurs ambiguïtés dans ses objectifs, son pilotage et sa mise en œuvre. Selon lui, la mise en place prochaine des Parcours individuels d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel (PIIODMEP) nécessite que soit précisé les rôles de l’État et de ses corps intermédiaires. Avec la société numérique, les formes pédagogiques évoluent vers davantage d’autonomisation : numérisation des ressources pédagogiques, enseignement à distance, Massive open online course (MOOC). Enfin, quels rôles veut-on donner aux CIO et à leurs personnels ?

Avec Questions de genre en orientation : enjeux et perspectives, Laurence Cocandeau-Bellanger, en pages 27-35, présente les données actuelles sur la scolarisation des filles et des garçons ainsi que ses conséquences sur le travail aujourd’hui. Les filles ont une espérance de scolarisation plus longue que les garçons. Elles réussissent mieux à l’école, mais elles s’insèrent dans des métiers et des secteurs d’activités réduits, très féminisés et avec moins de postes de responsabilités que les garçons. En famille, une socialisation de genre nettement différenciée commence bien avant l’école, avant la naissance. Avec les agents périphériques de socialisation – vêtements, jouets, etc. –, la famille est de plus en plus soumise à l’influence sociétale. Et l’école accentue les différences de rôles : les jeunes filles respectent les règles, travaillent, sont sérieuses ; les garçons développent la « certitude de soi » et la culture du conflit. Emploi_des_jeunes.jpg Comment s’en sortir ? Travailler sur les stéréotypes, les normes et références de socialisation. Des politiques publiques qui accompagnent ce changement éducatif. Motiver les personnels. Travailler avec les jeunes, les aider à prendre conscience de la situation, à faire leurs choix et à en mesurer les conséquences.

Comment appréhender le travail ? Alain Crindal (INRP-ENS Cachan) s’engage en pages 37-50 Pour une didactique des connaissances du travail et des métiers, qui, selon lui, peine à se mettre en place. Il propose un système didactique en 5 éléments : (1) des registres d’appropriation : informer, comprendre, construire ; (2) dépasser la visite ou le stage impréparés : les pratiques, les objets du travail, les guides de l’activité ; (3) des modalités pédagogiques : accès indirect, accès direct ; (4) une équipe hétérogène ; (5) des ressources et outils variés et adaptés.

Pour introduire une didactique trop souvent absente, Alain Crindal préconise cinq pistes : (1) former les acteurs pilotes au centre du dispositif au collège, au LGT, au LP (ils ont été trop longtemps négligés) ; (2) développer une acculturation en amont de l’orientation (si on donne aux jeunes une culture des métiers et du travail, ils s’intéresseront aux métiers et au travail) ; (3) passer de la pédagogie de la découverte à la pédagogie du projet (passer de la découverte à l’investigation, à l’enquête ; utiliser la simulation, les vidéos et sites interactifs ; donner des rôles différents aux jeunes ; revisiter la visite) ; (4) diversifier les registres d’appropriation du savoir (au-delà de l’informatif omniprésent, développer les registres compréhensif et constructif) ; (5) enfin mettre en relation les savoirs de l’école et les savoirs du travail (repérer les connaissances et représentations, construire un regard outillé, être au cœur des savoirs incorporés dans le travail).

Atelier 1. La découverte professionnelle, la séquence d’observation en milieu professionnel  : 7 outils, sites et méthodes sont présentés par Alain Crindal, pages 61-67.

Atelier 2. Des parcours de découverte des métiers et des formations en lycée(s) aussi ! pages 69-72. Avec Bernard Desclaux, on constate que, malgré un nombre considérable d’outils mis à disposition des établissements, le projet global est très difficile à construire en lycée et qu’il manque souvent de visibilité. Des leviers : fédérer les équipes et piloter ; former les personnels ; mettre en place des pilotes de projets dans les lycées ; optimiser le rôle du bassin d’éducation et de formation et des CIO.

Atelier 3. Le genre et l’orientation, pages 63-75. On s’interroge avec Laurence Cocandeau-Bellanger sur les manières de travailler cette question des stéréotypes sexués au collège, au lycée, en incluant filles et garçons. Une double nécessité : intégrer cette dimension dans les disciplines d’enseignement, former les acteurs.

Atelier 4. La grande difficulté économique et l’orientation, pages 77-82. On aborde, avec ATD-Quart Monde, le rapport à l’école des familles en grande pauvreté. Les familles en situation précaire ont souvent une histoire très douloureuse avec l’école. Des pistes : dialoguer, et dialoguer encore ; donner toute leur place aux parents les plus fragiles à l’école ; créer un maillage autour du jeune et de la famille ; renforcer la formation des enseignants.

Atelier 5. Des élèves et adolescents triple A auteurs, acteurs et autonomes dans les forums, pages 83-88. On s’interroge sur l’intérêt formateur des forums. Quelle réelle mise en activité des jeunes, pour quels apprentissages, pour quels transferts pédagogiques ? 4 conditions pour garder le triple A : (1) que les forums se questionnent sur leur réelle valeur éducative ajoutée ; (2) intégrer les jeunes dans la préparation et l’animation des forums ; (3) mettre réellement en activité les jeunes visiteurs avant, pendant et après le temps de la visite ; (4) associer les parents à cette démarche éducative et pédagogique. ■

En annexes, éclairages et compléments, sources et ressources.