Une orientation aux semelles de vent
Par Jacques Vauloup le lundi 29 janvier 2018, 06:37 - Ex libris - Lien permanent
Je retiendrai de ma vie tous ceux qui m'ont appris des choses. Ma mère qui aimait les arts et nous les a fait partager. Les professeurs qui ont allumé en moi des curiosités, les amis qui m'ont fait découvrir un écrivain, un peintre, un musicien, un cinéaste. J'aurais aimé être un instituteur, faire entrer des tas de choses dans les têtes des petits cons.
Avec mes livres impertinents, j'ai essayé. Je leur ai appris à conjuguer l'impératif du verbe mourir et à calculer la longueur du rat. J'espère surtout, moi l'ancien mauvais élève, les avoir convaincus que l'école n'est pas un endroit où on doit s'ennuyer, qu'apprendre est un plaisir, une chance énorme. Souvent ce qu'on apprend sur terre est ce qu'on ne connaît pas. On ne doit pas aller à l'école tristement en traînant ses sabots, mais joyeusement, en courant, sur des semelles de vent.
Jean-Louis Fournier, Mon autopsie, Stock, 2017
NDLR. "L'homme aux semelles de vent", ainsi que son ami Verlaine nommait Rimbaud. Je vous souhaite une orientation aux semelles de vent.