Au moyen d’actes théâtraux et poétiques s’adressant directement à l’inconscient, cette thérapie permet de libérer des blocages. On y voit cet artiste transgressif, éruptif, adepte des installations et des performances, mettre en pratique des actes théâtraux proches de la magie et du rite initiatique, en vue de guérir des gens en souffrance : bégaiement, sentiment d’abandon, abus sexuels, traumatisme familial, poids des généalogies…

Adepte du théâtre éphémère, Jodorowsky mi-gourou, mi-chaman, mi-marabout, mi-magicien, mi-thérapeute, demande à ses clients (ses patients ? ses artistes ?) de faire quelque chose d'engageant qu’il n’a jamais fait auparavant – un acte toujours constructif, précise l’artiste. Une mère barbouille son fils de cirage noir, et se couvre elle-même de cirage pour lui ôter sa peur de l’obscurité, un patient bègue est peint en lamé doré, et déambule ainsi dans la rue afin qu'il sente sa virilité. Arthur H lui-même entre dans le jeu, ayant souffert longtemps de porter la souffrance d'une mère malheureuse dans son couple. Une Chilienne se voit envoyer toute l'énergie d'une salle bondée pour lui donner l'énergie de lutter contre son cancer.

Dans son didactisme plat, sans relief, dans une mise en scène démonstrative univoque et ne souffrant pas la contradiction, le film en lui-même, s'il nous fait adhérer parfois, peut finir par ennuyer les plus incrédules au message du maître. Il n'empêche qu'il nous aide à poser la question de l'efficacité d'une psychothérapie. Au-delà de l'opposition désormais séculaire entre la thérapie par les mots et le temps long (la psychanalyse en est le totem) et la thérapie par les actes, le corps et le temps court (la psychomagie par exemple), y a-t-il une troisième voie qui allierait et réconcilierait les deux courants ?