Programmation (aperçu)

143 rue du désert, film de Hassen Ferhani, Documentaire / Algérie, France, Qatar / 100’ / 2019 / Allers Retours Films. Au milieu du Sahara algérien, dans son restaurant, une femme écrit son histoire. Elle reçoit des camionneurs, des êtres errants plein de rêves, pour une cigarette, un café ou une omelette.

A sad se spušta veče (Then comes the evening), film de Maja Novaković, Documentaire / Serbie, Bosnie-Herzégovine / 28’ / 2019 / The Students’ City Cultural Center, Academic Film Center in Belgrade. La poésie du quotidien de deux femmes âgées vivant au milieu des collines reculées de l’est de la Bosnie : leur intimité, leur rapport à la nature, tout un héritage culturel fait de chants et de rituels pour apprivoiser le mauvais temps, la grêle et la tempête.

Bab Sebta (Ceuta’s Gate), film de Randa Maroufi, Documentaire / France, Maroc / 19’ / 2019 / Barney Production. Ceuta, enclave espagnole sur le sol marocain, est le théâtre d’un trafic de biens manufacturés qui, transportés à pieds d’un côté à l’autre de la frontière, sont exemptés de taxes et vendus au rabais dans les villes du Nord du Maroc.

Bewegungen eines nahen Bergs (Movements of a Nearby Mountain), film de Sebastian Brameshuber, Documentaire / Autriche, France / 85’ / 2019 / Mischief Films, Panama Film, Le Fresnoy. Dans un site industriel isolé près d’une ancienne mine des Alpes autrichiennes, Cliff, mécanicien autodidacte, dirige une entreprise exportant des voitures d’occasion vers son Nigeria natal. Dans la sérénité de son existence, passé, présent et avenir commencent à se chevaucher.

Car les hommes passent, film de Assia Piqueras et Thibault Verneret. Documentaire / 2019 / 15’ / France / Le Bleu du Ciel-Centre de photographie contemporaine. Mange-Garri : désert de poussière et d’eaux rouges, zone de stockage des déchets industriels de l’usine de Gardanne. Le film observe cette terre contaminée. À partir d’archives domestiques, de témoignages, et d’images tournées dans l’enceinte du site, il interroge le pari de l’homme sur sa propre destruction.

Century of Smoke, film de Nicolas Graux, Documentaire / France, Belgique / 85’ / 2018 / Dérives, Clin d’Oeil Films, Haïku Films, WIP – Wallonie Image Production. Jeune père de famille, Laosan passe ses journées à fumer l’opium. Pour sa communauté, isolée au plus profond de la jungle laotienne, la culture de l’opium est le seul moyen de survie. Mais c’est aussi le poison qui endort les hommes et tue leurs désirs.

Coleum, film de Coralie Seignard, Documentaire / France / 29’ / 2019 / Le G.R.E.C. Trois cochons sont emmenés à l’abattoir par un homme. Une fois morts, l’homme et son fils charcutent leur chair et s’écharpent. Le petit fils les observe.

En attendant le carnaval, film de Marcelo Gomes, Documentaire / Brésil / 86’ / 2019 / Rec Productores Associados. Dans le Nordeste brésilien, le petit village de Toritama est un microcosme du capitalisme impitoyable. Chaque année, plus de 20 millions de paires de jeans sont produites dans des usines de fortune. Mais pendant le Carnaval, les ouvriers.ères vendent leurs affaires et fuient vers les plages à la recherche du bonheur éphémère.

Labour/Leisure, film de Jessica Johnson et Ryan Ermacora, Documentaire / Canada / 19’ / 2019 / 35 mm / Autoproduction. Dans la la vallée de l’Okanagan, au Canada, cohabitent terrains de golf et arbres fruitiers. Derrière la façade du divertissement pour riches retraités se cache une main-d’œuvre agricole invisible, composée de travailleurs saisonniers venus du Sud.

Le Jardin, film de Frédérique Menant, Documentaire / France / 16’ / 2019 / La Surface de Dernière Diffusion. Thérèse cultive un jardin créole, en Guadeloupe. Elle résiste contre les poisons invisibles. Ses mains se confondent avec la terre. Son visage avec la lumière.

Le loup d’or de Balolé, film de Aïcha Chloé Boro. Documentaire / Burkina Faso, France / 65’ / 2019 / Productions Métissées, Tarmak Films. Au cœur de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, une carrière de granit où près de 2.500 personnes, hommes, femmes et enfants, travaillent dans des conditions dantesques pour trouver les faibles ressources qui leur permettent de survivre au quotidien.

Les vaches n’auront plus de nom, film de Hubert Charuel, Documentaire / France / 51’ / 2019 / Douk-Douk Productions. “Mon père prend sa retraite, ma mère et ses vaches vont déménager dans une autre exploitation. Ma mère ne veut pas que ça s’arrête mais elle va devoir tourner la page la plus importante de sa vie”, Hubert Charuel.

Los viejos heraldos, film de Luis Alejandro Yero, Documentaire / Cuba / 23’ / 2018 / Aug & Ohr Medien. Tatá et Esperanza sont témoins des élections du premier président cubain et de plus d’un demi siècle sous Castro. À presque 90 ans, ils observent silencieusement la fin d’un de leurs nombreux cycles de vie. Comme deux phares d’une ère qui s’éloigne.

Nofinofy, film de Michaël Andrianaly, Documentaire / Madagascar, France / 73’ / 2019 / Les Films de la pluie, Imasoa Film. Lorsque son salon de coiffure est détruit, Roméo doit quitter Tamatave pour les quartiers populaires. Il s’installe alors dans une cabane de fortune, mais rêve de pouvoir un jour se construire un salon « en dur ».

Overseas, film de Sung-A Yoon, Documentaire / Belgique, France / 90’ / 2019 / Iota Production, Les Films de l’oeil Sauvage, Clin d’oeil Productions. Dans un centre de formation au travail domestique aux Philippines, un groupe de candidates au départ se préparent, à travers un acrobatique jeu de rôle, au travail, au mal être et aux maltraitances qui pourraient les atteindre.

Welcome to Sodom, film de Christian Krönes et Florian Weigensamer, Documentaire / Autriche / 92’ / 2018 / Blackbox Film, Medienproduktion GmbH. À Accra, Agbogbloshie est l’un des endroits les plus toxiques sur terre. C’est la plus grande décharge électronique au monde. Près de 6.000 femmes, hommes et enfants travaillent et vivent ici. Ils l’appellent « Sodom ».

When tomatoes met Wagner, film de Marianna Economou, Documentaire / Grèce / 73’ / 2019 / Anemon Productions, Stefi & Lynx Productions. Dans le petit village d’Elias, en Grèce, avec l’aide des grands-mères du village, Christos et Alexandros font pousser leurs plants de tomates bio au son de la musique de Wagner.

Comme l'a exprimé Régis Ouvrier-Bonnaz, croire que l’immersion en entreprise et la visite sont des solutions miraculeuses pour découvrir le travail, c’est dire « Trempez-le dans le milieu professionnel, et on va en ressortir un élève remotivé… ». Est-ce si sûr ? Comprendre le travail est compliqué, en parler aussi, en montrer des images tout autant. C’est quoi le travail ? Faire comprendre à des jeunes ce que recouvre le fait de travailler, d’exercer un métier, n’est pas facile. Le travail a perdu en visibilité, il est moins observable, moins identifiable pour servir de point d’appui dans la construction d’activités de découverte avec les élèves. Comment les amener à regarder le travail autrement et leur permettre, à leur niveau, l’activité des hommes et des femmes au travail ? Le didacticien-pédagogue Alain Crindal a proposé, en duo proactif avec l'approche anthropologique de Régis Ouvrier-Bonnaz, un système didactique qui identifie des registres d'appropriation, une démarche structurée, une méthode, des outils et des acteurs : distinguer la tâche (le prescrit) et l’activité (le réel), interroger le concept galvaudé de « compétences », faire comprendre que le travail est une activité sociale, partagée, mettre en oeuvre différents registres d’accès au travail (entrer dans le travail par l’information, ce n’est pas y entrer par la compréhension, ou par la construction des connaissances). Faire en sorte que les métiers d'ici et d'ailleurs, d'aujourd'hui et de demain puissent parler aux jeunes et que la jeunesse fasse quelque chose, individuellement et collectivement, de cette expression humaine si essentielle : tout un programme auquel le cinéma libre et créatif (à distinguer du cinéma marketing d'entreprise) contribue. Grâce notamment au festival Filmer le travail de Poitiers.

Ce billet a été modifié le 26 janvier 2020