Première femme à être devenue réalisatrice en Arabie saoudite, dans ce pays patriarcal qui aura interdit l'entrée des salles obscures aux femmes ainsi que le droit de conduire une automobile jusqu'en 2018, Haifaa-al-Mansour nous avait offert l'excellent et émouvant Wadjda en 2013. Elle sort aujourd'hui The perfect candidate qui s'annonce comme l'une des belles surprises d'une rentrée cinématographique si particulière.

Célibataire, il faut à Maryam une autorisation à jour signée de son père, malheureusement absent, pour se rendre à Riyad. Révoltée par cette interdiction de voyager, elle décide de se présenter aux élections municipales de sa ville. Mais comment une femme, de surcroît célibataire et indépendante, peut-elle faire campagne dans ce pays ?

Un film féministe mais sans caricature ni manichéisme. Un film très tendre sur les rapports entre les soeurs. Musicien, le père se réfugie dans la pratique instrumentale. Une belle leçon de courage, d'intelligence et d'engagement pour la cause des femmes. Une interprétation parfaite de Mila Al Zahrani.

Pour conclure, est-il besoin de préciser que la France, dont l'an I de la République date de l'abolition de la monarchie constitutionnelle par la Convention nationale le lendemain de Valmy, le 22 septembre 1792, n'a aucune leçon de démocratie, d'égalité ou de parité à donner à l'Arabie saoudite ? En effet, rappelons qu'il aura fallu attendre l'ordonnance du 21 avril 1944 pour que la démocratie française accordât aux femmes le droit de vote et d'éligibilité dans les mêmes conditions que les hommes ; que ce n'est qu'en 1965 que les femmes mariées purent exercer une profession sans l'autorisation de leur mari ; que les femmes auront attendu l'année 1972 pour la reconnaissance du principe « à travail égal, salaire égal » dont on sait, cinquante ans après, que l'application reste partielle et, dans bien des cas, partiale. Et à l'école, qu'est devenue la grande cause du quinquennat ? Place infime des femmes-écrivaines dans les programmes et manuels, orientation genrée jusqu'à la caricature, aggravation du cyberharcèlement et des violences faites aux femmes dès leur adolescence : il est temps de passer de l'incantation velléitaire et de la communication tautologique à l'action.