Propos orientés

Comment les médecins antiques essayèrent-ils d’expliquer le vieillissement et même d’y remédier ? Pour eux, le vieillissement résultait-il d’une maladie et à ce titre était-il susceptible d’être ralenti, ou au contraire relevait-il d’un processus aussi naturel qu’inéluctable ? Quelle importance Grecs et Romains accordaient-ils à l’environnement, au milieu social, à l’activité professionnelle et à l’hygiène de vie ? Hommes et femmes étaient-ils égaux face à la vieillesse ?

N'en déplaise aux Modernes ubiquitaires marchands de bien-être, de développement personnel, de pilules ou de crêmes anti-âge, de cures de rajeunissement, voire de transhumanisme délirant, depuis longtemps déjà, les Anciens, non sans sagesse, se préoccupaient du vieillissement dans tous ses aspects : mythes et représentations de la condition mortelle, causes, prévention, regards croisés des médecins et des philosophes, etc.

En dix courts chapitres à la portée de toutes et de tous, Véronique Boudon-Millot nous offre un savoureux opus. Voyage enchanté dans les mots de la vieillesse. Voyons plutôt.

Table des matières

Chapitre 1. Vieillir : mythes et représentations. Vieillesse et condition mortelle ; Le piège de la vieillesse éternelle ; Le regard des philosophes et des médecins ; Vieillesse et immortalité : une question d’alimentation ?

Chapitre 2. Au seuil de la vieillesse

Chapitre 3. Nommer la vieillesse, penser le vieillissement. Deux verbes et des adverbes pour exprimer le vieillissement ; Une palette de substantifs et d’adjectifs pour désigner et qualifier le vieillard ; Âges de la vie, saisons et hebdomades ; Belle vieillesse et absence de vieillesse.

Chapitre 4. La vieillesse : une question d’apparence ? La canitie ; La calvitie ; La vieille peau ; Apprivoiser le vieillissement ; Faiblesse de la vieillesse.

Chapitre 5. Physiologie du vieillissement. Pourquoi vieillit-on ? Penser le vieillissement : modèle animal et modèle végétal ; Vieillissement et refroidissement ; Vieillesse froide et humide ; Vieillesse froide et sèche ; Le cas particulier des femmes ; L’étape de la ménopause ; Le vieillissement comme dépérissement ; Putréfaction, moisissure et maransis aristotéliciennes ; Marasmos galénique ; Vieillesse, sécheresse et décharnement.

Chapitre 6. La vieillesse n’est pas une maladie. Vieillesse, maladie et dépérissement du vivant ; Vieillesse acquise et maladie naturelle ; Vieillesse par maladie et vieillesse selon la nature ; Santé sénile et maladies de la vieillesse.

Chapitre 7. Influences de l’environnement et du mode de vie. Airs, Eaux, Lieux ; Mérites comparés de la ville et de la campagne ; Influence de l’activité professionnelle et des conditions de vie ; Les paysans Les habitants des villes ; Maîtres et esclaves ; Les intellectuels ; Les politiques ; Les artisans et les ouvriers ; Les athlètes et les gladiateurs ; Les soldats ; Influence de l’entourage et rôle des relations sociales.

Chapitre 8. De l’art de la gérocomie (soin des personnes âgées). La gérocomie n’est pas une gériatrie ; Le double but de la gérocomie : prévenir et ralentir le vieillissement ; Application des principes de la gérocomie au régime du vieillard ; Exercices, massages et bains ; Alimentation et boisson ; Veille et sommeil ; Sexualité du vieillard ; Les promesses de la gérocomie ; Dimension éthique de l’« hygiène » et responsabilité individuelle du vieillard ; Vieillesse et dépendance ; Vieillir au féminin.

Chapitre 9. Portraits de vieillards. Longévité extraordinaire et récits merveilleux ; Longévité ordinaire et études de cas ; Quand la maladie frappe entre cinquante et soixante-dix ans ; Quand la maladie frappe un gerôn ou un presbutès ; Quand la vieillesse dure ; Le cas des vieux médecins.

Chapitre 10. En guise de viatique

Et ce n'est pas tout ! Des annexes généreuses nous ouvrent le résumé des livres I à IV et du livre VI de Sur la santé, le traité de Galien, le plus grand médecin de l'Antiquité, mais aussi la première traduction française du livre VI.

Pour couronner cet ouvrage remarquable, des notes abondantes, classées par chapitre, ainsi qu'un beau lexique grec-français qui réjouira les hellénistes et incitera les autres, je l'espère, à se mettre à la langue grecque.

Malgré tout ce qui les sépare, philosophes et médecins antiques n'auraient pu qu'être d'accord avec les généticiens modernes pour lesquels, tel Axel Kahn (1944-2021), le but de la médecine contemporaine devrait davantage être de permettre à l'individu d'accomplir sa vie telle qu'elle est génétiquement programmée, dans les meilleures conditions possibles, que d'oeuvrer à en repousser les ultimes limites biologiques (Véronique Boudon-Millot, page 249) ●■

Galien, Ne pas se chagriner, édition bilingue grec-français, par Véronique Boudon-Millot et Jacques Jouanna, Les Belles Lettres (2010)

Boudon-Millot V., (2023), Vieux, un Grec ne peut pas l'être, Les Belles Lettres