Une édition portée par Edwige Chirouter, professeure de philosophie et de sciences de l'éducation, titulaire de la chaire UNESCO "Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale".

Qu'ai-je appris dans ce beau colloque ?

Qu'un réel enthousiasme et de grandes compétences, tous les deux largement méconnus, s'activent pas à pas dans l'ombre, depuis des années, à travers des pratiques auprès des enfants les plus jeunes, avec eux, à partir d'eux, pour en faire des enfants chercheurs, des loupiots-philosophes.

Que ce mouvement est national, européen et mondial, sous l'égide de l'UNESCO.

Que, comme Nathalie Prince l'a brillamment dit dans son ouverture, la comédie, le rire nous aident à penser le monde.

Que la philo-soin a toute sa place à l'hôpital, dès à présent, comme l'a montré le regretté clown-philosophe-psychologue Buffo alias Howard Buten.

Que, comme l'a dit avec clarté Michel Tozzi, ce sont des instituteurs et institutrices qui changent les représentations de la philosophie dans la Cité.

Que la philosophie est une école et ''une pratique de la liberté''.

Que les enfants sont très sensibles et créatifs dans les ateliers qu'on leur propose à partir de phrases inductrices telles que : Si j'avais une baguette magique ou Et vous, que feriez-vous si vous étiez invisibles ?

Que, bien menés, les jeux d'improvisation permettent de déployer une discussion philosophique autour du concept de personnage, par exemple.

Qu'un colloque s'enrichit énormément et se dynamise par des démonstrations et des échanges en direct, y compris avec des classes entières, comme le fait depuis longtemps la pédagogie Freinet dans ses forums et formations.

Qu'entre clowns et philosophes, les échanges de bons procédés, l'hybridation des pratiques se renforcent sans cesse.

Que les enfants de l'école élémentaire et du collège peuvent organiser, animer, évaluer des séances de discussion philosophique.

Que les enfants d'âge scolaire et les collégiens captent sans difficulté les nuances et la profondeur philosophiques d'un dialogue de Platon (expérience personnelle vécue en direct).

Que cela concerne aussi bien les enfants et adolescents sans histoires que les enfants et adolescents en situation de handicap, les mineurs délinquants, les plus rétifs à l'école.

Que l'apprentissage du dialogue se fait dès l'enfance. Mais qu'il passe par l'apprentissage précoce, quotidien, permanent de l'art de la discussion, tout aussi important.

J'ai appris encore tant d'autres choses importantes, comme par exemple le remarquable travail de formation et d'édition du Pôle Philo du Service Laïcité Brabant-Wallon (Belgique).

Vite, réorienter la philosophie vers l'enfance, la prime adolescence et des pratiques diversifiées. Sans remettre en question, évidemment, l'enseignement de la philosophie en terminale de lycée, dans tous les lycées. ●■

Chirouter-Edwige.jpg

Pour aller plus loin

Chirouter E. (2025), À quoi pense la littérature de jeunesse ? Des enfants, des questions, des histoires, École des Lettres

Edwige Chirouter : "La philosophie avec les enfants peut pirater un peu le logiciel de l'enseignement traditionnel et classique", Café pédagogique, 27 janvier 2025

Ce 927è mot a été amodié le 27 janvier 2025