De S'intégrer à l'équipe du CIO (fiche 1) à Coopérer avec le chef d'établissement (fiche 2), en passant par Tenir conseil avec les parents (Fiche 8), L'entretien des conseillers/ères, l'entretien des professeurs (Fiche 9), Faire expertise psychologique près des individus et des groupes (Fiche 17), En ligne, le conseil aussi ? (Fiche 18). Et, depuis l'édition 2012, Que fait l'orientation au genre ? (Fiche 19).

L'édition 2014 s'enrichit aussi de plusieurs annexes : "63è journées nationales ACOP-France Strasbourg septembre 2014" (annexe 7), Ma première semaine en CIO" (annexe 11), Contribution de l'éducation nationale au service public régional d'orientation" (annexe 12). Et toujours : Micro-histoire des procédures d'orientation (annexe 9), Lettre aux élèves, par Michel Breut (annexe 10). A noter aussi la préface de Dominique Hocquard, président de l'ACOP-France, la postface de Bernard Desclaux Entrer dans la profession, et l'inédit d'Alexandre Lhotellier page 8.

Préface de Dominique Hocquard (Extraits)

»Que dire de cette 7ème édition du ''Guide des néo-cop'' sinon ce qu’elle laisse percer au fil des pages ? La fidélité à un héritage marquée par d’authentiques valeurs éducatives et le souci d’une profession touchée de plein fouet par les soubresauts d’une société « liquide » en panne de repères.

»Une démarche salutaire en quelque sorte dans une époque fascinée par le monde des écrans et les nouvelles technologies. C’est l’art subtil de Jacques Vauloup que d’avoir fait de ce Guide des néo-cop un formidable outil de réflexion et autre chose qu’une simple méthode à suivre. Il y a du « fond » dans ce guide, de la profondeur institutionnelle, et de « l’Autre » ! Bref de la « vie » et au-delà du plaisir à transmettre et à partager une expérience humaine, une invitation à recomposer en valeur un métier en pleine crise.

»Dans une époque où la trépidation et la frénésie de l’innovation (on ne parle plus de changement !) associées à la Technique au sens de Jacques Ellul, sont érigées en valeurs cardinales, ce projet peut paraître surprenant et même tout bonnement anachronique.

»Et pourtant, l’extrême rationalisation de nos existences, et des incitations bureaucratiques à la normalisation de nos actes telles qu’elles dévaluent les savoirs issus de la pratique et de nos expériences, nous obligent à comprendre ce qui se joue. N’est-ce pas la déqualification d’un métier qui est en jeu, sa « prolétarisation » dirait Bernard Stiegler dans sa réflexion sur les enjeux des mutations actuelles ?

»Il convient de remarquer qu’au cœur même de ces mutations, la question vive et terriblement angoissante de l’emploi vient à point nommé pour opérer de profondes modifications dans le champ de l’école et de l’orientation scolaire.

»L’emploi est devenu le maître-mot de toutes les réformes, celui qu’on agite pour faire peur et mettre au pas ! Dans la représentation collective, les concepts d’orientation et d’éducation renvoient quasi exclusivement à la question de l’emploi et des débouchés et au sentiment que le critère absolu du choix d’une formation dépend des seules considérations économiques. Le problème, c’est que la cause ô combien légitime de l’emploi à être l’alpha et l’oméga de toutes les réformes, de tous les dispositifs, risque de produire le contraire de ce qu’ils prophétisent. (...)

»L’imposture, c’est alors de faire croire que les langages de l’éducation et du conseil doivent se fondre dans le langage des sciences économiques, pire qu’ils doivent être tramés de la même manière pour être efficaces. (...) Pour la plupart des élèves, la question de l’orientation ne touche pas d’abord et prioritairement celle de leur avenir professionnel, de leur emploi, mais plus largement celle de leur devenir et de leur place dans la société.

»Elle renvoie aux interrogations sur leur identité et à la prise de conscience de leurs aspirations : qui suis-je et qu’est- ce que je veux ? Répondre à ce questionnement en se limitant à l’information sur les conditions actuelles de l’insertion professionnelle risque de réduire singulièrement les horizons et de soumettre les « choix » aux déterminations induites par le milieu socioculturel d’origine. Surtout pour ceux à qui ce milieu renvoie plus d’impossibilités qu’il n’ouvre de possibles.

»Au fond, est ce bien crédible de vouloir redéfinir l’orientation scolaire du seul point de vue de l’emploi ? Non ! Sauf à vouloir faire de l’orientation initiale l’instrument de l’adaptation des élèves à une société qui traite l’homme en instrument et à instituer ceux qui l’exercent en caution « experte » de cette opération.

»L’ACOP-F s’inscrit en faux contre toute « bureaucratie d’expertise » qui afficherait ainsi son pouvoir d’administrer les conduites humaines et d’en instrumentaliser le cours. Elle défend le principe d’une orientation initiale qui soit d’abord éducative, c'est-à-dire qui s'intéresse aux individus, à leur personnalité, à leurs ambitions, à leurs projets, qui leur restitue leur dignité, qui les accompagne dans leur appréhension du monde, qui leur montre que la personnalité, l'ouverture d'esprit, la curiosité… sont les conditions préalables à l’insertion.

»Mais si je prétends cela, c’est à la condition d’assumer au plan éthique et pédagogique, et au cœur même des pratiques d’orientation, un principe fondamental : celui de la socialisation ; non pas une socialisation qui individualise, qui forme à la concurrence, qui dresse les individus les uns contre les autres dans des rapports de compétitions élitistes, dans des classements arbitraires, mais une socialisation préparatoire au vivre ensemble, fondée sur les principes de coopération et de solidarité pratiqués à travers des relations collectives plus égalitaires."

»Alors, les conseillers d’orientation-psychologues dans tout cela ? Quels rôles jouent-ils ? Que fabriquent-ils ? En tout état de cause, ils occupent une certaine place dans ce dispositif stratégique global qu’on appelle aujourd’hui « l’orientation tout au long de la vie ».

»Quelles stratégies éducatives peuvent-ils revendiquer et mettre en œuvre, et avec qui ? Quelles actions promouvoir ? Quelles réflexions susciter pour mieux maîtriser les effets de leurs actions, la conséquence de leurs actes sur les plans professionnel, social et idéologique ? De fait, ils sont impliqués dans le fonctionnement d’un système qui produit de l’inégalité et qui laisse de côté un nombre toujours plus important de personnes.

»Il ne s’agit pas de culpabiliser une profession. La question n’est pas là. Ils sont fonctionnaires, agents d’un système. À ce titre, ils sont embarqués dans un mouvement. La vraie question est de savoir comment et dans quelles mesures, par leurs pratiques professionnelles quotidiennes, à partir de la place qui est la leur, des liens qu’ils instaurent, ils contribuent à institutionnaliser des logiques et lesquelles ? Essayer de comprendre ce que je fabrique, à quoi je résiste, à quoi je consens, bref, analyser mes implications, mes rapports à l’Institution est peut-être encore la moins mauvaise des façons de faire son travail en toute connaissance de cause !

»Dès lors, on comprend mieux alors pourquoi, en dépit de toutes les mutations qui s'annoncent sous le chapeau de l’emploi, il faut défendre l’orientation initiale, sa spécificité, au sens où Foucault parlait de "défendre la société". C’est une question éminemment éthique.

»Défendre sa spécificité ne consiste pas à se replier sur soi, à se retirer sur son pré carré. Non, c’est avoir le souci de l’ouverture, de l’articulation, de la médiation, à la condition d’assumer le fait que les pratiques éducatives en orientation sont une entreprise conceptuelle, culturelle bien avant d’être technique et d’affirmer contre les canons de la science gestionnaire la dimension symbolique et éducative qui fait l’efficacité de l’orientation : sa capacité à restaurer des identités, à développer des liens, à créer de l’action sociale et partenariale, à favoriser l’exercice de la citoyenneté et l’émergence de l’acteur social.

»C’est dans ce sens que, face à la volonté politique de tout soumettre au paradigme de l’emploi, il est urgent que nous reprenions en main notre destin professionnel. Par l’éventail des situations institutionnelles qu’il propose, par leur richesse, ce guide constitue une antidote au « mal » qui nous guette et à la fatalité qui pourrait parfois nous envahir. Il est une invitation à trouver son style, sa façon de se positionner, de « trouver/créer » son métier, des pistes pour aller plus loin. Pas tout seul, dans son coin mais avec les autres, grâce aux autres et avec à l’esprit ces 3 questions :

»À quelles conditions les démarches d’orientation et de conseil peuvent-elles se présenter comme un ensemble construit et pratique respectueux de la demande sociale et des besoins exprimés par les usagers ?

»Quelles sont de ce point de vue, les formes de théorisation qui sont nécessaires aux professionnels de l’orientation, de façon spécifique ?

»Quels types de modèles théoriques/pratiques/méthodologique sont-ils appelés à mobiliser pour traiter les questions qu’ils rencontrent ?

»Si l’on veut approfondir ces questions, en saisir les enjeux, faire entendre tout simplement notre voix et apporter des réponses appropriées aux situations que nous rencontrons, penser, retrouver un regard critique deviennent des actes responsables.

« Le thème de l’économie de marché, soutenait Octavio Paz dans son célèbre discours de Stockholm en 1990, entretient une étroite relation avec celui de la détérioration du milieu ambiant ». Et il poursuivait ainsi : « La pollution n’infeste pas seulement l’air, les fleuves et les forêts, mais les âmes. Une société possédée par la frénésie de produire toujours plus pour consommer plus encore, tend à convertir les idées, les sentiments, l’art, l’amour, l’amitié et les personnes elles-mêmes en objets de consommation ».

»Déjouer ce cauchemar, n’est ce pas au fond, l’intention de ce guide» ?■