Que, plus souvent qu'on ne le croit, les racines de l'absentéisme se trouvent davantage dans le décrochage cognitif que dans le décrochage conatif ou motivationnel ;

Que, fréquemment, l'absentéisme scolaire des collégiens s'origine à l'école élémentaire, où il est largement scotomisé par l'ad-mini-stration locale ;

Que, couramment, l'absentéisme du collégien, commencé à l'école élémentaire, amplifié au collège, s'accentue au lycée... Normal, me direz-vous, puisqu'on ne traite pas les véritables racines de l'absence ;

Qu'il est si facile d'imputer la principale responsabilité de l'absence de l'école aux parents, ou à l'enfant lui-même, et de minimiser celle de l'école ;

Que le mal-être ou malêtre des adolescentes et adolescents, très répandu en France, est insuffisamment traité comme il le devrait ; on l'externalise à peu de frais en le renvoyant aux "Psy" des Maisons des ados ;

Que, chez une personne, le mal-être ne relève pas d'un simple malaise mais d'une profonde et durable mise en question de sa capacité à être et à exister en suffisant accord avec soi-même ;

Que les parents sont généralement démunis face à leur enfant quand il leur annonce : Je ne veux pas aller au collège, au lycée, ce matin ;

Que, maintes fois, l'absentéisme de l'enfant renvoie à celui des parents dans leur propre histoire scolaire et qu'ainsi, malgré la résilience dont ils font preuve, les parents souffrent d'une double culpabilité, la leur et celle de leur enfant. On sous-estime, nous rappellent Serge Tisseron et Anne Ancelin-Schützenberger, les "ricochets des traumatismes inter-générationnels" ;

Que ce mal-être, qui commence souvent par un ennui ou un silence profond en classe peut, vite, si l'on n'y prend garde, s'amplifier en mélancolie ou dépression, voire en phobie (l'absentéisme scolaire est d'ordinaire à bas bruit), et qu'il constitue le symptôme d'un syndrome à côté duquel on passe sans le voir, et donc sans le traiter ;

Et que, si elle s'en donne le projet, l'intention et la peine, l'ad-mini-stration académique est pleinement dans son rôle quand, plutôt que de jauger, de juger, d'enjoindre ou de menacer, elle écoute tout simplement les jeunes et les parents comme ils sont, dans ce qu'ils vivent réellement, quand elle propose et qu'elle suit pas à pas ses préconisations, quitte à devoir les revisiter, les réévaluer plus tard, en tant que de besoin ;

Bien sûr, en étroite coordination avec les écoles, les collèges et les lycées.

Mais en assurant, là, une inter-médiation indispensable entre l'école ou l'établissement et la famille, tant nombre de situations se sont bloquées, cristallisées, verrouillées.

Toutefois, pour assurer correctement leur travail de "tenir conseil" (à opposer radicalement à "donner des conseils"), les directions académiques manquent de personnels qualifiés (psychologues, personnels médico-sociaux) et de formation à l'écoute pour les personnels administratifs.