Son parcours professionnel avait commencé par la belle et souvent incomprise activité de conseiller principal d'éducation ; il l'avait exercée notamment aux côtés de Jean Deshayes, futur proviseur lui aussi, au collège de Vimoutiers (Orne). Doux, à l'écoute et attentif aux autres mais déterminé dans l'action, Philippe avait la fibre (trans)formatrice, et, pour lui, "éducation", "instruction" et "pédagogie", loin de s'opposer, constituaient les trois parties d'un tout.

Dès le début des années 1990, bien avant l'introduction au collège de "l'éducation à l'orientation" par le ministre Bayrou, nous avions constaté et loué in situ la manière qu'il fit sienne, au collège des Alpes mancelles, de la situer, avec l'ensemble des personnels, au coeur même du projet d'établissement et d'en faire non seulement une préparation à l'orientation post-troisième - ce qu'il n'éludait pas pour autant -, mais aussi une éducation à la citoyenneté internationale (intense partenariat éducatif avec le Québec), à la vie en collectivité et à l'engagement, aux arts et lettres, à la découverte du milieu local.

Philippe avait été profondément marqué par deux événements dramatiques survenus dans l'enceinte même du lycée Colbert de Torcy de Sablé, qu'il dirigeait alors : la prise d'otages par un ancien professeur contractuel du lycée le 9 mars 2006 ; puis, à peine deux ans plus tard, le 14 janvier 2008, l'agression à l'arme blanche d'un élève de BEP sur un autre élève du lycée.

Philippe Ravaz est décédé des suites d'un cancer le 10 avril à l'âge de 67 ans. Il nous manque déjà. Son départ prématuré nous donne l'occasion de saluer le travail majeur, ingrat, usant, stressant mais si indispensable des chefs d'établissement du second degré et des directrices et directeurs d'école. Le vivre ensemble au quotidien, le bien-être psychique et social des enfants et des adolescents leur doivent beaucoup. Ne l'oublions pas.