Une caméra douce, discrète, effacée suit pendant les trois années de leur apprentissage un groupe d'étudiantes et d'étudiants d'un institut de formation aux soins infirmiers (IFSI) de la région parisienne. Et, comme on sait la valeur de promotion sociale de ces études, le groupe accueille des jeunes adultes dans la vingtaine et des quadragénaires expérimenté.e.s.

Cours théoriques, exercices pratiques, stages sur le terrain : rien ne nous est caché. Un parcours intense, exigeant, difficile, fait de nombreuses acquisitions de connaissances, de la maîtrise de gestes techniques et de lourdes responsabilités. Ces jeunes et moins jeunes sont souvent confrontés à la fragilité humaine, à la souffrance, à la maladie et aux fêlures des âmes et des corps.

Des scènes, des gestes de métiers et des actes restent gravés en nous après le film : se laver les mains parfaitement (1è scène du film), apprendre à lever de son lit une personne hémiplégique, assurer une respiration artificielle, réaliser des piqûres intraveineuses et musculaires, parler simplement à une personne qui semble ne pas disposer de toute sa santé mentale, accompagner une personne mourante pendant ses derniers instants.

On aura particulièrement apprécié les séquences d'analyses de pratiques et les longs entretiens d'évaluation des stages en milieu hospitalier − les stages à l'hôpital ne se passent pas toujours en effet comme on l'aurait souhaité −, d'une qualité professionnelle et d'une richesse humaine rares.

Le spectateur chemine près de figures et de parcours bien particuliers et très touchants. Une Martiniquaise effondrée car, quelques jours avant les partiels, elle s'est fait cambrioler et a perdu tous ses cours et ses sauvegardes ; une étudiante travaillant, outre ses cours en 3è année d'IFSI, 12h/semaine en tant qu'aide soignante et assurant des gardes de nuit pour payer ses études ; des formateurs et formatrices à l'écoute ; des patientes et patients qui voient bien qu'on prend soin d'eux mais qui, parfois, craignent un peu de servir de cobayes pour tel ou tel acte technique...

Nicolas Philibert, qui nous avait enchanté notamment dans Être et avoir et La maison de la radio, livre là un nouvel opus sensible, vrai, authentique. On pense aussi à La moindre des choses, film tourné à la clinique de La Borde près de Blois, créée par le psychiatre Jean Oury qui y fit les premières expériences françaises de psychothérapie institutionnelle, et frère de Fernand Oury.