Mais qu'est-ce que le télétravail ?

Le télétravail est une forme d’organisation du travail, utilisant les technologies de l’information et de la communication (TIC), dans laquelle le travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière. La situation de référence sans télétravail est le travail au poste habituel du salarié, dans les locaux de l’employeur. Les lieux d’exercice peuvent être le domicile, un centre ou un site de bureaux partagés, etc. Les outils numériques sont le support de ce télétravail car ils permettent le travail à distance et facilitent la communication entre le salarié en télétravail et le reste de l’équipe. Ne sont toutefois pas en télétravail les salariés dits nomades ou mobiles, amenés, dans le cadre de leur fonction, à se déplacer fréquemment en dehors de l’entreprise, ou travaillant dans l’entreprise mais pas à leur poste. Le télétravail n’implique pas de changement de la durée du travail, même s’il peut permettre un aménagement plus souple des horaires. Précision importante : ne relève pas du télétravail le travail en débordement, c’est-à-dire en dehors du lieu et du temps de travail rémunéré (par exemple : ramener du travail à la maison, traiter sa messagerie, lire des dossiers le soir après la journée effective de travail, le week-end, pendant les vacances).

Principaux résultats de l'enquête

Le télétravail régulier, une pratique encore minoritaire, même chez les cadres. Si 61% des télétravailleurs sont des cadres, 11% seulement des cadres et 3,2% des professions intermédiaires déclarent pratiquer le télétravail au moins un jour par semaine. Mais la pratique est marginale chez les employés (1,4 %) et quasi inexistante chez les ouvriers (0,2 %). Ce mode d'organisation du travail n’est pas adaptable à toutes les configurations de travail. En 2017, le télétravail est relativement fréquent pour les cadres commerciaux et technico-commerciaux (16,2 %), pour les ingénieurs de l’informatique (13,9 %). Il est rare dans certains métiers comme l’hôtellerie, la restauration, l'alimentation ou les services aux particuliers et aux collectivités.

Le télétravail est plus fréquent dans les grands établissements et dans la fonction publique d’État. Les salariés en télétravail régulier sont relativement plus stables et insérés dans l’emploi. Le recours au télétravail régulier est le même dans le secteur privé et dans la fonction publique. Les télétravailleurs du secteur public sont concentrés dans la fonction publique d’État. Le télétravail est, en revanche, très peu développé dans la fonction publique territoriale (1,2 %) et quasi inexistant dans la fonction publique hospitalière (0,1 %).

La situation familiale joue sur le recours au télétravail : 4% des salariés appartenant à une famille monoparentale et 4% des salariés en couple avec un enfant de moins de 3 ans le pratiquent régulièrement.

Les cadres jugeant leur état de santé précaire ou mauvais pratiquent plus fréquemment un télétravail régulier que les autres. Le télétravail permet des aménagements d'organisation du travail pour des salariés préoccupés par leur santé.

Les salariés en couple avec de jeunes enfants sont les plus concernés par le télétravail intensif (trois jours ou plus par semaine). Les femmes, les professions intermédiaires, les salariés du public et des établissements de moins de 50 salariés sont surreprésentés parmi ces télétravailleurs intensifs.

Le télétravail est un moyen de limiter les longs déplacements entre domicile et travail. Les difficultés à se rendre tous les jours sur son lieu de travail sont une des raisons qui encouragent le salarié à demander à exercer en télétravail. Les salariés pratiquant le télétravail résident 1,5 fois plus loin de leur lieu de travail que leurs collègues qui ne le pratiquent pas.

Dans le secteur privé non agricole, (seulement) 15,5 % des établissements de plus de 10 salariés ont mis en place le télétravail. Dans ces établissements, environ un salarié sur six le pratique, et ce quelle que soit la taille de l’établissement. C’est dans le secteur de l’information et la communication, très utilisateur des nouvelles technologies, que la diffusion du télétravail est la plus importante. Près de la moitié des établissements y ont mis en place le télétravail et, dans ces établissements, plus d’un salarié sur quatre y recourt effectivement. À l’inverse, dans les établissements dans lesquels les ouvriers et les employés sont majoritaires (et la part de cadres faible), la part de salariés en télétravail est plus faible, y compris parmi les cadres.

Pourquoi le télétravail ne décolle-t-il pas en France ? Avec 1,8 million de télétravailleurs en France, soit 7 % des salariés, mais seulement à peine 800.000 télétravailleurs réguliers (1 journée au moins par semaine), le télétravail ne décolle pas ! En 2009, un rapport du Centre d'analyse stratégique constatait que, depuis la fin des années 1990, la France était en en retard sur les principaux pays de l’OCDE en matière de développement du télétravail et que, dans les pays scandinaves et anglo-saxons, il concernait deux à trois fois plus de salariés.

Alors que nombre de salariés subissent des temps de transport de plus en plus longs entre leur domicile et leur lieu de travail, que cela leur coûte de plus en plus cher et qu'un certain nombre d'entre eux ont des enfants à s'occuper voire des problèmes de santé, on s'étonne de l'inanité des réponses des entreprises et des administrations quant à l'organisation du travail. Il y a dix ans, le Centre d'analyse stratégique pronostiquait que le potentiel de développement du télétravail, pour une partie de l’exercice de la profession, pourrait concerner jusqu’à 40 % à 50 % des emplois à l’horizon 2019. Nous en sommes loin !

Quels sont les leviers pour le développement du télétravail en France ? Dans son enquête de 2009, le Centre d'analyse stratégique en évoquait quatre : une évolution de la culture managériale, une meilleure connaissance des gains envisageables grâce au télétravail, la mise à disposition d’infrastructures numériques de qualité sur l’ensemble du territoire, la diffusion d’outils techniques performants, accessibles, fiables et de moins en moins onéreux. Sur les trois derniers points, nous y sommes presque. Il ne reste plus qu'à attaquer la culture managériale française… Et là, il y a du boulot ! Enjeu sociétal, enjeu économique, enjeu environnemental, enjeu subjectif : ils convergent tous. Ne ratons pas un nouveau rendez-vous pour réduire la distance entre les travailleurs et leur travail !

Pour aller plus loin

Centre d'analyse stratégique (2009), Le développement du télétravail dans la société numérique de demain, rapport au Premier ministre, 151 p.

OBERGO, Observatoire du télétravail, des conditions de travail et de l'ergostressie (Yves Lasfargue). Sur ce site, Yves Lasfargue et Sylvie Fauconnier mettent à disposition gratuitement le Guide OBERGO du télétravail salarié, 3è édition, 2019. Une mine d'informations et d'expérience pour négocier et organiser le télétravail dans l'entreprise publique ou privée.