Dans leur introduction à l'ouvrage, Philippe Bourdier et Willy Pelletier appellent à des savoirs résistants qui mettent en critique les connaissances balayées par les bien-pensants (p. 5). Exposer avec des mots simples ce qui est censuré : un manuel non officiel, prosaïque, sans jargon. Refuser les évidences, les préjugés, les solutions des éditorialistes protégés et des chantres du néo-libéralisme. Ne rien esquiver : nommer qui exploite, où vont les profits, entre quelles mains ils s'immobilisent, et au détriment de qui. Comme l'indocilité est constitutive des sciences sociales, pour l'histoire, la sociologie, l'économie, l'ethnologie, les sciences politiques et autres sciences anthropo-sociales convoquées ici, aucune position établie, aucune foi installée n'est intangible, inéluctable, tenant à la nature des choses (p. 11). Et ce, même quand la longue reproduction et la longue conservation des positions d'autorité et des croyances qui les autorisent, ou les verdicts scolaires, les donnent comme allant de soi.

TABLE DES MATIERES

Capitalismes

La planète, une réserve à exploiter ?

Efficaces, les marchés ?

Qui profite ?

Trop social, l'Etat ?

Démocratie ?

L'Etat sert qui ?

Qui parle pour nous ?

Les luttes, c'est classe ?

Désordres internationaux

Destins fermés ou indociles ?

T'as un don ?

Bonhomme ou gonzesse ?

Autres genres

Tu vis bien ?

La honte ?

Comprendre

Dans sa conclusion décalée, Bruno Gaccio revient sur les savoirs résistants éclairés par cet ouvrage (pp. 1023-1025) : A quoi résistons-nous exactement ? à un système ? à l'ultra-libéralisme fossoyeur de l'humanité ? (...) Le combat à mener est celui, éternel, contre la bêtise (...). Oui, il faut résister contre l'infantilisation, contre la distraction permanente qui engendre la résignation, contre l'ignorance, contre la culpabilité qui inhibe et empêche la révolte que ressentent les autodidactes comme moi face aux sachants surdiplômés.(...) Elever le niveau de connaissances, et donc de conscience. Ample tâche, dur labeur. (...) L'idiocratie, c'est la société dans laquelle nous vivrons quand l'idiotie aura tout emporté sur son passage, la déontologie et la conscience, le courage et le sens des responsabilités, le savoir, l'éthique enfin, et la morale. L'idiocratie n'a besoin que de moutons votants pour choisir qui leur racontera des histoires à dormir debout, la démocratie, pauvre fille, elle, a besoin de citoyens qui savent pourquoi ils votent et pour qui ? Dans leur ultime texte (pp. 1027-1033), Philippe Boursier et Willy Pelletier appellent à la constitution d'Ateliers indociles dans lesquels le savoir résistant, présenté ici, puisse être discuté et enrichi des expériences de celles et ceux qui vivent les inégalités, les discriminations redoublées, les arbitraires subis, les positions intenables et leurs urgences. Sans hiérarchie ni jargon. Chiche !