Dans les âges 18-29 ans, années d'entrée dans la vie professionnell, (dont on sait l'importance pour la confiance en soi et le déroulement ultérieur de la carrière, les générations entrant dans la vie professionnelle dans les années 2010 et après ont-elles pâti de conditions beaucoup moins favorables que les précédentes ? Le débat, déjà ancien, fait rage, y compris entre les chercheurs.

Une précarisation probable mais pas certaine

Il est probable que la génération des 18-29 ans se soit fortement précarisée. Un taux de chômage deux fois plus élevé chez les jeunes que le taux tous âges confondus, recouvrant des étudiants et des jeunes qui travaillent dans des conditions souvent précaires (CDD, missions d'intérim, ubérisation accélérée des emplois). Un taux de pauvreté (calculé à 50% du revenu médian) à près de 13% en 2015 (8% pour l'ensemble des Français). Des difficultés à se loger et, par conséquent, la nécessité, pour nombre d'entre eux de jouer les Tanguy chez leurs parents jusqu'à un âge avancé. Louis Chauvel affirme : La France a sacrifié sa jeunesse plus que n'importe quelle société développée, et décrit deux jeunesses, les insiders et les outsiders. Le déclassement progresse, en particulier pour les diplômés des niveaux intermédiaires. Quant aux jeunes peu ou pas diplômés, ils ont pris un abonnement au chômage ou à l'inactivité. En résumé, il y a des suspicions de vérité dans ces observations pessimistes, mais d'après l'INSEE et l'Observatoire des inégalités, il faudra attendre encore des décennies avant de bénéficier de séries d'observation longues qui pourraient les vérifier ou les infirmer avec certitude.

La jeunesse, les jeunesses

Plus préoccupant encore, la jeunesse n'existe pas ! Quoi de commun en effet entre un jeune intérimaire du BTP de 18 ans ou une hôtesse de caisse à temps partiel de 22 ans qui enchaînent les missions d'intérim et les boulots très mal payés, et un étudiant de 23 ans qui termine ses études de commerce dans une grande école de commerce et bénéficie d'une promesse d'embauche dans une grande entreprise ? Il y a bel et bien des jeunesses, et le fossé, à 20 ans, entre ces deux jeunesses, n'a cessé de se creuser. Tout le monde sait que ce sont les familles les plus aisées qui aident le plus leurs rejetons. Le seul point irréfragable sur lequel ces deux jeunesses se rejoignent : toutes les deux hériteront d'une planète malade léguée par les générations antérieures !

Trois idées pour améliorer le sort des jeunes

Dans son article des pages 30-33, Vincent Grimault avance 3 idées propres à améliorer la situation des jeunes : une allocation d'autonomie pour les jeunes scolarisés qui pourrait approcher 500 euros par mois (en France, contrairement au Danemark par exemple, seules la prime d'activité et l'aide personnalisée au logement peuvent être versées avant 25 ans, les autres étant liées aux parents : bourses étudiantes, allocations familiales) ; consulter les jeunes sur les politiques qui les concernent, et ainsi, leur rendre goût à la vie de la cité, à la res-publica, et éviter qu'ils ne s'en détournent dangereusement ; tenir compte de l'engagement bénévole dans le parcours professionnel (car, contrairement à une idée reçue, les jeunes ne sont pas passifs et près de 40% d'entre eux s'engagent bénévolement).

Quels dispositifs faut-il choisir en priorité ? Consulter les jeunes pourrait aider les gouvernants à ne pas se tromper de priorité. Dépenser 1,5 milliard par an pour la mise en place du coûteux et démagogique Service national universel est-il une priorité pour les jeunes et leurs familles ? Ce n’est pas un tel service obligatoire et moralisateur d’un mois qui va consolider leur civisme et leur attachement à la République. Beaucoup d’ailleurs ne l’ont pas attendu pour s’engager en faveur de l’intérêt collectif dans le secteur associatif, notamment dans le cadre du Service civique qui, depuis 10 ans désormais, pour près de 500.000 jeunes qui y passent 6 mois de leur jeunesse, a fait les preuves de son efficacité ; ou bien du Service volontaire européen ; ou encore du Service militaire volontaire.

Ce billet a été modifié le 25 février 2020

Pour aller plus loin

Enquête Génération, CEREQ

Jeunes pauvres, INJEP, janvier 2020