Qu'a-t-on fait de la psychopédagogie de l'orientation ? 2/3 (CIO 77)
Par Jacques Vauloup le lundi 16 décembre 2019, 03:19 - S'orienter - Devenir - Lien permanent
Dans les chapitres I et II de ''Psychopédagogie de l'orientation professionnelle'' (1957), Antoine Léon (1921-1998) propose sine die et avec souffle un changement de paradigme. Ce grand ouvrage fit scandale dans l'univers d'une orientation alors scientiste, du moins chez ses penseurs. Le sommaire en infra dit la détermination et la fibre didactique de l'auteur.
SOMMAIRE
CHAPITRE I. ÉVOLUTION DES CONCEPTIONS DE L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE EN FRANCE
La conception diagnostique de l'orientation professionnelle
La conception éducative de l'orientation professionnelle
CHAPITRE II. DU CHOIX PROFESSIONNEL À L’EXERCICE DU MÉTIER
L'élève de l'école primaire
L'apprenti à l'école professionnelle
L'ouvrier au travail
CHAPITRE III. LES OBJECTIFS ÉDUCATIFS ET LES FORMES PÉDAGOGIQUES DE L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE
CHAPITRE IV. LES MOYENS PÉDAGOGIQUES DE L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE
La préparation directe de l'enfant à la vie professionnelle
L'aménagement des travaux manuels
Les films et les visites d'établissements
L'information des maîtres, de la famille et du grand public
L'intégration des moyens d'information dans un programme d'ensemble : leçons sur les métiers, leçons sur la formation et la vie professionnelles
CHAPITRE V. RÉSULTATS DE QUELQUES CONTRÔLES PSYCHOPÉDAGOGIQUES EN ORIENTATION PROFESSIONNELLE
La connaissance des métiers et le choix professionnel des enfants
L'information et la représentation du métier et de l'avenir professionnel chez l'enfant
L'intervention du milieu familial dans le choix professionnel de l'enfant
Utilisation de quelques concepts psychopédagogiques en orientation professionnelle
CONCLUSION
EXTRAITS DES CHAPITRES I ET II
La naissance et le développement des services d’orientation professionnelle (Ndlr : au début des années 1920, juste après la première guerre mondiale, en contexte de pénurie de main d'oeuvre et de qualification) s’inscrivent dans la même série de mesures qui visent à réglementer le brassage des individus dans le réseau complexe des activités scolaires ou professionnelles. L’application de ces mesures a été facilitée par les méthodes et les instruments d’analyse et d’action mis au point par des physiologistes et des psychologues. Ces derniers y ont ajouté certaines conceptions, plus ou moins explicitement formulées, relatives aux rapports de l’homme avec sa profession. Pour mieux apprécier la portée des moyens pédagogiques qui constituent l’objet essentiel de cet ouvrage, il nous paraît nécessaire de connaître ces conceptions, d’en approfondir la nature, l’évolution, et de préciser les répercussions qu’elles ont pu avoir sur la pratique. Il y a près de cinquante ans, au moment où était créé en France le premier service d’orientation professionnelle, une opposition plus ou moins explicite commençait à se faire jour entre deux conceptions de l’adaptation et de l’orientation professionnelle. La première de ces conceptions pourrait être caractérisée de la manière suivante. Afin de faciliter l’adaptation de l’individu à sa profession, il convient tout d’abord de saisir chez ce dernier, à l’aide d’épreuves nouvelles, les tests, certains éléments stables, considérés isolément ou, dans le meilleur des cas, envisagés dans une structure. L’adaptation est alors conçue en termes de convenance réciproque entre ces éléments et les exigences de la profession. On admet bien parfois que ces deux réalités se transforment mais on suppose qu’elles comportent, à l’échelle d’une vie humaine, une marge suffisante de stabilité pour que se trouve justifié le pronostic à base de constat des caractéristiques individuelles. En d’autres termes, si l’on évoque l’évolution possible de la personnalité en fonction de modifications intervenues dans les conditions de vie, il demeure entendu qu’une telle évolution s’inscrira tout naturellement dans la « marge d’erreur » que comporte inévitablement tout pronostic probabiliste.
Il s’agit là, bien sûr, d’une position toute théorique. Dans sa pratique quotidienne, le conseiller se réfère, au moment de proposer une solution, à un ensemble de données complexes difficilement réductibles à un schéma mécaniste. Cependant, cette « position théorique » commande implicitement un certain style de rapports entre l’enfant et l’adulte. Celui-ci s’efforce d’évaluer les caractéristiques individuelles et sociales de l’enfant puis recherche les différentes possibilités de mise en place de ces caractéristiques dans l’échiquier des activités professionnelles. Il rend compte alors à l’enfant du fruit de ses recherches, le confirme dans son choix initial ou bien tente de le persuader que telle voie est plus indiquée que celle qu’il a choisie. Le conseil professionnel s’enrichit parfois de quelques indications relatives aux loisirs ou au travail scolaire de l’enfant. Mais on doit dire que ce dernier ne participe que faiblement à l’élaboration de ses projets professionnels. Il semble d’ailleurs difficile qu’il en soit autrement dans le cadre d’une simple consultation. C’est précisément cette notion de participation active de l’enfant à la construction de son avenir professionnel qui paraît surtout caractériser la seconde conception en matière d’orientation et d’adaptation professionnelles. Cette conception implique une action éducative continue de la part du maître, du conseiller et des parents dans la préparation de l’enfant à la vie professionnelle. Elle s’appuie sur le caractère historique, évolutif des conduites individuelles, sur leur plasticité et sur le rôle décisif joué par les milieux formateurs dans leur élaboration.
VERSION INTEGRALE DE L'OUVRAGE EN ANNEXES
Ce billet a été modifié le 27 décembre 2019