Ah ! J'oubliais… Il s'agit bien entendu du 25 février de l'année... 1980, soit il y a exactement quarante ans aujourd'hui. Et, peut-être ne me croirez-vous pas, mais c'est bel et bien la dernière circulaire en date qu'aura édictée le ministère de l'éducation nationale à propos de ses centres d'information et d'orientation ! Etonnant, non ?

De larges extraits sont fournis ci-dessous. Le texte complet est en annexe, accompagné d'une illustration départementale de son application (Sarthe, 2008).

PRINCIPES GÉNÉRAUX

Dans le cadre des missions qui ont été confiées aux services d'information et d'orientation par le décret n° 71-541 du 7 juillet 1971 (…) :

1/ L'organisation de l'activité des CIO doit répondre aux besoins de la population du district considérée dans son ensemble. (…) Les demandes qui expriment spontanément auprès du centre un besoin d'aide de la part de jeunes ou de leurs familles sont considérées comme prioritaires ; le centre apporte son concours à tous les établissements d'enseignement secondaire publics (collèges, lycées, lycées d'enseignement professionnel) du district. Il répond aux demandes des élèves des établissements d'enseignement privés sous contrat.

2/ Qu'elles procèdent de l'observation ou de l'information, qu'elles relèvent de l'adaptation ou de l'orientation, les activités des centres ont pour objet de favoriser, à plus ou moins long terme, l'insertion sociale et professionnelle du jeune. Dans cet esprit seront privilégiées les activités qui préparent aux choix scolaires et professionnels ou, plus généralement, qui contribuent à faire naître et à développer chez le jeune les projets d'avenir nécessaires à une orientation personnellement assumée. (...)

3/ Sans préjudice des actions continues menées depuis l'entrée des élèves dans les collèges, les CIO interviennent de façon particulière au profit des élèves des classes au niveau desquelles s'effectuent des choix scolaires ou professionnels, en cours ou à l'issue de leur formation ; des élèves susceptibles de sortir de l'appareil éducatif sans formation professionnelle ou avec une formation professionnelle incomplète ; des jeunes adultes en quête de moyens de reconversion, de perfectionnement ou de promotion professionnels.

4/ Afin d'accroître l'efficacité de cette aide, les CIO enrichissent en permanence leur connaissance de l'environnement économique et social dans lequel ils se situent ; participent, dans le cadre de leurs attributions, à la collecte et à l'analyse des données relatives au fonctionnement de l'orientation dans le district ; recueillent et exploitent les informations qualitatives relatives à l'adaptation et au déroulement de la scolarité et de la formation professionnelle des élèves du district.

ACTIVITÉS DANS LE CADRE DU CENTRE D'INFORMATION ET D'ORIENTATION

1/ L'accueil du public est l'une des missions essentielles du CIO. (…) La nature de la prestation offerte doit répondre aux besoins exprimés, avec le souci constant de la liberté du consultant. Elle peut donc prendre les formes les plus variées, de la simple fourniture d'un renseignement à des interventions approfondies ou passer d'une forme à l'autre avec le maximum de souplesse et dans les meilleurs délais possibles. (...)

2/ Sont organisées au centre des activités appelant le concours de tous ses personnels afin de renforcer la cohésion de l'équipe qu'ils constituent et l'efficacité de son action. Parmi celles-ci, on peut notamment citer les travaux de documentation ou d'information, les études conduites en commun portant sur le district, l'analyse du fonctionnement de l'orientation, le contrôle des résultats de l'orientation, les techniques et les méthodes utilisées. Parmi ces actions seront naturellement privilégiées les confrontations sur des expériences vécues, des cas concrets ou des résultats d'observations (...).

3/ Chaque fois que son installation le permet, le centre doit devenir un lieu d'animation, de rencontres et d'échanges pour tous ceux qui, au sein du district, sont concernés par l'information et l'orientation : représentants du monde du travail, des collectivités locales, des parents d'élèves, des chefs d'établissement, des personnels des établissements scolaires.

ACTIVITÉS DANS LE CADRE DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

Les interventions qui se situent à un niveau déterminé et qui donnent lieu à une organisation prévue pour l'année sont complétées d'une façon également systématique par une action auprès des élèves ayant manifesté l'intention de quitter l'appareil scolaire sans avoir achevé le cycle d'études en cours afin de les encourager à rester dans l'établissement. (...)

Au niveau des actions collectives, un équilibre sera maintenu entre celles qui relèvent de l'observation des élèves et celles qui sont du domaine de l'information.

Ces actions collectives doivent être prolongées par des actions personnalisées rendant possible l'aide individuelle, qui est l'aboutissement de toutes les interventions mises en œuvre. L'individualisation sera naturellement d'autant plus poussée que le besoin d'aide apparaîtra important. (…) A cet égard, doivent être plus particulièrement mises en œuvre, notamment au niveau des lycées et des LEP, les méthodes faisant appel aux recherches personnelles et favorisant chez le jeune une attitude responsable à l'égard de son avenir. Au niveau des collèges notamment, les rencontres avec les familles sont systématiquement recherchées.

La participation des conseillers d'orientation aux conseils de classe et de professeurs sera effective aux niveaux où leur intervention est préconisée. Elle demeure également souhaitable au premier trimestre de la première année de chaque cycle d'enseignement.

L'action du conseiller d'orientation est de nature éducative et s'exerce dans une perspective de continuité, en liaison avec les personnels enseignants, d'éducation et médico-sociaux ; elle est intégrée à l'activité globale de chaque collège, lycée et LEP.

PROGRAMMES ANNUELS D'ACTIVITÉS DU CIO

1/ L'établissement du programme annuel d'activités du CIO est de la responsabilité du directeur du centre. Il est élaboré après concertation avec les conseillers d'orientation du centre et consultation des parties intéressées (chefs d'établissement, représentants des associations de parents d'élèves), et a, de ce fait, une valeur contractuelle. Le programme est soumis pour approbation à l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'Education, en début d'année scolaire puis transmis au recteur. (…)

2/ Dans le cadre de la déconcentration et tout en prenant en compte les directives générales qui émanent des échelons national, académique et départemental, ce programme intègre les besoins locaux tels qu'ils se dégagent d'une part de l'étude des réalités du district appréhendées sous leurs aspects géographiques, économiques, socioprofessionnels et scolaires, d'autre part de l'analyse de la situation de chaque établissement à partir de données quantitatives et qualitatives (...).

3/ Le directeur du CIO veille à l'application du programme d'activités. A la fin de l'année scolaire, il procède à un bilan afin de déterminer si les objectifs fixés ont été atteints et en rend compte dans le rapport annuel d'activités du centre. Les méthodes d'évaluation utilisées peuvent être élaborées au niveau académique ou départemental. (…) J'appelle particulièrement votre attention sur le rôle des directeurs de centres d'information et d'orientation, des inspecteurs de l'information et de l'orientation et des chefs de service académique d'information et d'orientation dans la préparation des programmes annuels des CIO ainsi que dans l'animation et le contrôle de la mise en œuvre des actions retenues.

Pour conclure, trois remarques personnelles. Tout d'abord, par honnêteté intellectuelle, mais pour autant sans aucune affinité politique ni avec le président Giscard d'Estaing (1974-1981) ni avec son premier ministre Raymond Barre (1976-1981), je dois dire haut et fort que je ne remercierai jamais assez le ministre de l'éducation nationale Christian Beullac (avril 1978-mai 1981), fils de proviseur, d'avoir conçu, préparé et publié, le 25 février 1980, un texte qu'aucun.e de ses successeurs n'aura daigné lire ni encore moins actualiser. Ensuite, je dois reconnaître qu'au printemps 1980, à 27 ans, jeune conseiller d'orientation finissant mes deux années passionnantes de reconversion après un parcours professionnel et universitaire initial d'instituteur et de professeur d'histoire-géographie, il me fut très utile et cadrant de m'appuyer sur ce texte ; je savais ce qu'on attendait de moi et des CIO. Enfin, mon parcours trentenaire d'inspecteur en orientation à l'Education nationale (1987-2017) fut facilité, du moins en première période (1987-1995) par cette circulaire. Cela fut plus compliqué ensuite, à la bascule des années 2000. Car la circulaire a vite vieilli faute de pilotage national des services d'orientation. En effet, à partir des années 1980, l'Etat et ses thuriféraires ainsi que les collectivités locales auront choisi successivement : de créer un réseau parallèle qui attribua essentiellement aux PAIO et Missions locales la mission de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes antérieurement dévolue aux CIO, d'attribuer aux professeurs de plus en plus de tâches et de responsabilités en matière d'orientation alors que ce n'est pas leur coeur de métier, de développer des Maisons des adolescents, de réduire drastiquement le réseau géographique des CIO, d'intégrer de plus en plus les psychologues du second degré (ex conseillers d'orientation-psychologues) dans les collèges et lycées publics ainsi qu'à l'université, d'attribuer aux régions la compétence orientation (processus accéléré depuis la présidence Macron (2017-2022), et, last but not least, de privilégier une orientation commerciale, mercantile, consumériste à la charge de ses clients (coaching, salons, orientation à distance) plutôt que de renforcer les moyens humains des centres d'information et d'orientation. Et vous voudriez actualiser une circulaire qui n'a aujourd'hui que 40 ans ? Vous rêvez, Monsieur ! Dans 40 ans, peut-être...