La qualité d’une vie humaine dépend du rapport au monde, pour peu qu’il permette une résonance. Cette aptitude à nous laisser « prendre », toucher et transformer par le monde est l’exact inverse d’une relation instrumentale, réifiante et « muette », à laquelle nous soumet la société moderne. Nous éprouvons de plus en plus rarement des relations de résonance, en raison de la logique de croissance et d’accélération de la modernité, qui bouleverse en profondeur notre rapport au monde. De l’expérience corporelle la plus basique (respiration, alimentation, sensations) aux rapports affectifs et aux concepts cognitifs, la relation au monde prend diverses formes : relation avec autrui (amitié, amour, politique) ; relation avec une idée ou un absolu (nature, religion, art, histoire) ; relation avec la matière, les artefacts (travail, éducation, sport).

TABLE DES MATIÈRES

Introduction

I / Les éléments fondamentaux des relations humaines au monde

1. Les relations corporelles au monde

2. Appropriation du monde et expérience du monde

3. Les relations émotionnelles, évaluatives et cognitives au monde

4. La résonance et l’aliénation comme catégories élémentaires d’une théorie de la relation au monde

II / Sphères de résonance et axes de résonance

5. Sphères de résonance, reconnaissance et axes de la relation au monde

6. Les axes horizontaux de résonance

7. Les axes diagonaux de résonance

8. Les axes verticaux de résonance

III / La peur d’un monde silencieux. Une relecture de la modernité au prisme de la théorie de la résonance

9. La modernité comme histoire d’une catastrophe de la résonance

10. La modernité comme histoire d’une sensibilité accrue à la résonance

11. Déserts et oasis de vie : les pratiques quotidiennes modernes au prisme de la théorie de la résonance

IV / Pour une théorie critique de la relation au monde

12. Les conditions sociales de la réussite ou de l’échec des relations au monde

13. Stabilisation dynamique : la logique d’accroissement moderne et ses conséquences

14. Les crises de résonance dans la modernité tardive et les contours d’une société de post-croissance

En guise de conclusion : défense de la théorie de la résonance contre ses contempteurs, et de l’optimisme contre les sceptiques

En 2013, Accélération, une critique sociale du temps, aura fait connaître au monde entier la fulgurance de la pensée de Hartmut Rosa pour nos temps contemporains perturbés, incertains et en crise permanente. Son nouvel ouvrage bouleverse non seulement la sociologie et la philosophie politique, mais aussi, plus largement, comme l'a dit Robert Maggiori dans Libération le 12 septembre 2018, nos manières de penser communes : écologie, psychologie, sociologie, philosophie, théorie critique de la société. Et Theodor W. Adorno (1903-1969), un de ses illustres prédécesseurs de l'école de Francfort, dit, en incipit, l'essentiel : «On ne peut rien sauver ni sur terre, ni dans le ciel vide, en en prenant la défense. Rien ne peut être sauvé sans être transformé, rien qui n'ait franchi la porte de sa mort. Si le sauvetage est l'impulsion la plus intérieure de tout esprit, il n'y a d'espoir qu'en l'abandon sans réserve : autant de ce qu'il y a à sauver que de l'esprit qui espère.»

À suivre :

Sur la résonance : fondements (2/4)

Sur la résonance : faire résoner l'école (3/4)

Sur la résonance : un monde rendu à son indisponibilité (4/4)