Hubertine sabre au clair
Par Jacques Vauloup le mercredi 10 mars 2021, 04:39 - Devoir d'admiration - Lien permanent
Pourquoi les hommes changeraient-ils de leur propre initiative des situations qui leur sont favorables ? Fervente républicaine, avocate, suffragette française, féministe de choc, Hubertine Auclert (1848-1914) consacrera sa vie à l'égalité femmes-hommes. Ses combats : le droit de vote des femmes, le droit pour les femmes de concourir aux emplois publics, le contrat de mariage avec séparation des biens et partage des salaires.
En 1882, elle se réapproprie le terme de féminisme jusqu'ici méprisé afin de qualifier la lutte pour améliorer la condition féminine. Elle demandera son inscription sur les listes électorales et refusera de payer ses impôts. Elle devient une ardente partisane de la féminisation des noms de métier et de fonction ; l’usage systématique des termes masculins et féminins constituant, pour elle, un moyen efficace de promouvoir et de garantir l’égalité femmes–hommes dans toutes les sphères de la société.
« Si nous ne comptons pas, pourquoi nous compte-t-on ? » Redoutable activiste, elle sait faire parler d'elle : édition de timbres à la gloire des droits des femmes et pour le boycott du recensement, interruption intempestive de la lecture du Code lors d'un mariage civil, fondation du journal La Citoyenne
, nombreuses pétitions. Elle a su faire parler d’elle.
Elle ne verra pas la concrétisation de sa principale revendication, le droit de vote des femmes, obtenu seulement en 1945 en France, l'un des derniers pays d'Europe à l'avoir accepté. Pourtant, grâce à ses nombreuses pétitions, les vendeuses et les ouvrières obtiennent le droit de s’asseoir dans les grands magasins et les ateliers ; puis, en 1907, les femmes deviennent électrices puis éligibles aux conseils des prud’hommes. Qui s’en souvient ?
Hubertine Auclert aura poursuivi ainsi le combat d'Olympe de Gouges (1748-1793), guillotinée sous la Terreur pour avoir osé publier sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) : La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits (article 1). La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune (article 10). Valeureuses femmes exemplaires auxquelles les femmes et les hommes doivent tant alors que tant d'hommes faillirent.
Pour aller plus loin
Auclert H. (2021), Journal d'une suffragiste, éditions Folio-Histoire
Centre Hubertine Auclert, centre francilien pour l'égalité femmes-hommes
Parcours de femmes de sciences aujourd'hui, Cité des sciences et de l'industrie, Paris