Miscellanée 1. Tableau du Manhattan représentant le système éducatif français (page 12). Plus on monte dans les étages, plus on sépare les uns des autres. Et cette mention éthérée, hors sol, couvrant le tout : Il existe des passerelles entre ces filières. Ah bon, dit le fils d'ouvrier interdit d'études à Sciences Po...

Miscellanée 2. De 1980 à 2020, la population globale scolarisée a augmenté de 11%. Baisse de 10% dans le 1er degré. Progression de 7% dans le second degré. C'est le 3è degré (le supérieur) qui a littéralement explosé, passant de 1.181.000 étudiants à 2.785.000 (+135%). Mais, pour le mal nommé supérieur, le détail est sidérant : Université +92% ; CPGE +111% ; STS +199% ; ingénieurs +345% ; commerce gestion +1289% (!) ; paramédical (+53%).

Miscellanée 3. À 3 ans révolus, près de 98% des enfants sont scolarisés (c'était 97% au moment de la promulgation de la loi d'obligation scolaire à 3 ans). À 17 ans : 94,3%. À 18 ans : 79%. Tiens, tiens, et si c'était à cet âge de 18 ans que l'effort de la Nation devait être produit et non à 3 ans où nous y étions déjà...

Miscellanée 4. En 2004, un an avant la loi Handicap de février 2005, 133.838 enfants en situation de handicap étaient scolarisés en milieu ordinaire. Ils sont 384.040 en 2020-21 (le nombre d'enfants scolarisés dans un établissement spécialisé est resté stable pendant cette période). (p. 22)

Miscellanée 5. Le régime d'internat ne concerne plus que 0,6% des collégiens, 5,5% des lycéens généraux et technologiques et 12,3% des lycéens professionnels. (p. 42)

Miscellanée 6. Dépenses publiques par élève et étudiant en 2019. Préélémentaire : 7110 euros. Elémentaire : 6940. Collège : 8.790. Université : 10.150 (en baisse). LGT : 11.300. LP : 12.740. STS : 14.270. CPGE : 15.710. Il y a en effet plus que des nuances : un étudiant de STS ou de CPGE coûte deux fois plus cher qu'un élève de l'école élémentaire et 40 à 50% plus cher qu'un étudiant de l'université. Qui touchera à cette inégalité criante et durable ?

Miscellanée 7. Seulement 32% de la population scolaire fréquentant les collèges publics sont issus de classes très favorisées et favorisées. Le taux flambe à 55% dans les collèges privés sous contrat. Pour les taux de populations défavorisées : public 40,7% ; privé 17,1%. Que fait l'Etat dispensateur, sous différentes formes, d'environ 75% des subsides de l'enseignement privé pour réguler la carte scolaire du privé (aujourd'hui totalement libre) et lui permettre de diversifier socialement ses utilisateurs ?

Miscellanée 8. Les enfants de cadres représentent plus de la moitié des étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), dans les formations d'ingénieurs, les écoles normales supérieures et près de la moitié des étudiants dans les écoles de commerce. Les enfants d’ouvriers y sont sous-représentés, sauf en sections de techniciens supérieurs (STS) (22,9 %) et dans les écoles paramédicales et sociales (18,7%). La part des enfants d’artisans, commerçants, chefs d’entreprise ou exploitants agricoles est la plus élevée parmi les étudiants des écoles de commerce (18,8%). Enfin, dans les écoles paramédicales et sociales, les enfants d’employés sont les plus nombreux (31,3%). À l’université, les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures représentent près de 33 % des effectifs. Ils sont surreprésentés dans les disciplines de santé (48,3 %). En outre, les études longues à l’université sont plus le fait d’enfants de cadres : leur part passe de 28,9% en cursus licence à 39,8% en cursus doctorat contre respectivement 12,0% et 5,6% pour les enfants d’ouvriers. (pages 178-179)

Miscellanée 9. 82% des étudiants inscrits à N-1 dans une filière universitaire soit continuent à N+1 en L2 de la filière soit dans une autre formation. Et 17,7% seulement abandonnent le supérieur après une année d'études (On est très très loin du catastrophisme ambiant). (page 196)

Miscellanée 10. 86% des enseignants du 1er degré sont des enseignantes et 60% dans le second degré. Quant aux salaires scandaleusement bas des profs, on peut, afin d'alimenter un débat ouvert par une candidate à la campagne présidentielle 2022, consulter la page 303 du RERS ou, en plus argumenté, lire Pierre Merle sur son blog... Car sur ce point, le ministère se garde bien de publier les comparaisons internationales. La presse, heureusement, s'en charge.

La valse des taux donne le tournis : taux de passage, de poursuite d'études, de redoublement, de réorientation vers une autre filière, de retard, de réussite, de scolarisation, de scolarisation par âge, de sortie, d'absentéisme, d'insertion professionnelle... Comme Robert Francis Kennedy, dit Bob Kennedy (1925-Boston, assassiné le 6 juin 1968 à Los Angeles), frère du précédent, l'a dit avec beaucoup d'à-propos : Bref, le produit intérieur brut mesure tout, sauf ce qui fait que la vie mérite d'être vécue. Et pourquoi en effet ne mesure-t-on pas, chez l'élève, chez l'étudiant, le bonheur intérieur brut ? Pourquoi ne pas orienter davantage le curseur de l'analyse chiffrée vers les inégalités produites ou renforcées par le système éducatif ? Allons, encore un effort, mon RERS !

Ce mot a été amodié le 28 septembre 2021

Pour compléter

Merle P. (2021), Parlons école en 30 questions, La Documentation française, 108 p.

Merle P., Doubler le salaire des enseignants, bénéfices et travers d'une proposition électorale, Le blog de Pierre Merle, Mediapart, 23 septembre 2021

DEPP (2021), L'Éducation nationale en chiffres, août 2021, 13 p. Un digest du RERS, pour les allergiques au côté pavesque du RERS...

DEPP (2021), Géographie de l'école, 112 p.

OCDE (2021), Note sur la France, in Regards sur l'éducation (étude comparée entre les 38 pays de l'OCDE), 15 p.