Après ''Be yourself'' (Mille-et-une-nuits, 2006) et ''Le crépuscule de Prométhée, contribution à l'histoire de la démesure humaine'' (Mille-et-une-nuits, 2008), il nous livre, avec ''Où est passé le bien commun ?'' (Mille-et-nuits, 2011), un essai dans la veine féconde des précédents.

Crise du lien social

Dans un monde où le politique est dominé par les puissances économiques et financières, et où le toujours plus de la croissance s’impose comme une fin en soi, la seule référence non économique qui subsiste est celle des droits individuels. La référence au bien commun a été évacuée.

François Flahault interroge le fondement des droits de l’homme. Il montre comment le progrès des connaissances anthropologiques apporte ce qui leur manque pour penser le bien commun. La vie sociale apparaît ainsi comme le lieu d’être de chacun d’entre nous, l’indispensable poumon de la vie individuelle.

La fragile coexistence des humains repose largement sur les biens communs ou biens collectifs (au pluriel) dans lesquels se concrétise le bien commun (au singulier). Cependant, leur importance, ainsi que leur diversité naturelle et culturelle, matérielle et immatérielle, reste sous-évaluée au regard des biens marchands.

Des droits de l'homme au bien commun et au vivre ensemble

Serge Audier rend compte de l'ouvrage dans Le Monde des livres du 4 mars 2011 :

Sans être un contempteur du "droit-de-l'hommisme", François Flahault croit pouvoir affirmer, après d'autres, que nous traversons une période dangereuse de "sacre" des droits de l'homme, érigés selon lui en substitut d'une bonne politique. Or, objecte-t-il, les droits de l'homme n'ont pas trouvé leur vrai fondement, qui serait l'idée même du "bien commun". Si l'on ne peut plus tirer cette idée d'une source religieuse, la science permettrait de refonder les droits de l'homme : les progrès en anthropologie, en linguistique ou en éthologie montreraient que "la coexistence et la vie sociale constituent, pour chacun de nous, le bien commun premier et que celui-ci se produit et se maintient grâce à toutes sortes de biens communs culturels et sociaux".

Il faudrait donc promouvoir les expériences, les institutions et les réalités culturelles et naturelles qui sont le support de cette coexistence. Ce qui implique un autre modèle de société avec de nouveaux indicateurs de richesse, valorisant les formes de vivre-ensemble plutôt que l'individualisme compétitif. Cette apologie du "bien commun" peut séduire, mais il reste du travail pour convaincre que les droits de l'homme sont à la veille d'une refondation radicale. Et l'auteur ne dit presque rien d'un courant politique centré sur la question du "bien commun", de l'Antiquité à la Renaissance, et au-delà : le républicanisme. Or celui-ci fait aussi partie de la modernité.

Le vivre-ensemble, bien plus qu'un enjeu comme les autres

L'enjeu majeur

La bataille des batailles

Ce billet a été modifié le 31 décembre 2020