Que fait-on de l'orientation scolaire ? Que fait-on du conseil à la personne ? Que fait-on de la part éminemment subjective de l'interrogation légitime d'une personne, jeune ou adulte, sur son orientation ? Que fait-on de la psychologie et des psychologues ?

À plusieurs reprises, j'ai énoncé ici et encore ici mais aussi ici ou encore là les bonnes raisons qui, selon moi, devraient inciter l'État et les Régions de France à vouloir non le démantèlement et l'anéantissement de près d'un siècle de travail, d'engagement et de services rendus par les CIO (créés en 1971) et de leurs prédécesseurs dénommés Centres d'orientation scolaire et professionnelle (entre 1955 et 1971), Centres d'orientation professionnelle ou encore Offices d'orientation professionnelle (dans l'entre-deux guerres mondiales), mais leur enrichissement et leur reconnaissance. Elles sont plus que jamais valables.

Sur un sujet social aussi aigu, on souhaite davantage de sérénité, de décence, de réflexion aboutie et de respect. Est-ce trop demander ?

Au fond, c'est simple, comme l'avait analysé le professeur Jean Guichard au congrès national du Mans en septembre 2010, il faut choisir entre l'Etat et la société civile. Or, depuis des années, une place de plus en plus grande est laissée, en orientation, aux entreprises privées et au Marché : Acadomia, L'Etudiant, Studyrama, mais aussi coaches, consultants et officines mercantiles de tout poil n'ont jamais été aussi florissants tant l'état dans lequel l'Etat a tenu ses CIO est lamentable et indigne de lui.

Y a-t-il encore une place pour un service public d'orientation ? Plus que jamais, nous le croyons ! Mais de quelle orientation parlons-nous ?

Le décret du 1er février 2017 ainsi que les textes subséquents concernant les missions et la formation des psychologues de l'éducation nationale ont rappelé sans aucune ambiguïté, il y a tout juste un an, que le bien-être psychique de la jeunesse était une condition sine qua non du développement de sa capacité à s'orienter dans la vie.

Et que les personnels qualifiés pour y veiller, outre les médecins et les infirmiers, étaient bel et bien les psychologues. Il y a un plan B pour sortir par le haut du marasme actuel et de la stigmatisation, constante depuis des décennies, des CIO à la française, qui concilierait la vision compréhensible des régions de France, qui ont la compétence de l'orientation professionnelle sur leur territoire, et la responsabilité qu'a l'État, via le ministère de l'éducation nationale, de l'orientation scolaire et universitaire des collégiens, lycéens et étudiants.

Je suggère un plan B : les collectivités régionales, dans leur légitime stratégie d'optimisation de la relation formation-emploi, oublient les CIO ; et l'État intègre les psychologues de l'éducation nationale à des centres psycho-médico-sociaux, selon l'exemple belge qui pourrait prendre une forme française avoisinante mais adaptée au contexte français.