Une profonde rupture dont souffrent aussi les cadres de l'éducation nationale
Par Jacques Vauloup le jeudi 21 mai 2020, 04:12 - Dis papy, à quoi ça sert un inspecteur ? - Lien permanent
Il stigmatise la mise au pas
, le climat aux ordres, les contrôles et censures, le management autoritaire, fondé sur la suspicion, la menace
, le verrouillage de toute expression non conforme ainsi que l'aveuglement scientiste
qui nourrit les réformes de l'École conduites au pas de charge depuis 2017.
Moment inédit, moment exceptionnel que celui où l'on voit, publiquement, des cadres supérieurs du ministère de l'éducation nationale dire leur ras-le-bol devant tant d'errements et d'erreurs de pilotage : la réforme du lycée professionnel est qualifiée de hold-up sur l'avenir professionnel des jeunes
; avec les épreuves communes de contrôle continu (E3C), les autres lycéens sont engagés dans une course perpétuelle à la performance
; la priorité au primaire
proclamée par le ministre est en fait la priorité aux maternelles privées
, favorisées par la loi Blanquer. Au passage, le groupe Grenelle tance la gestion chaotique et erratique du Covid 19 dans les écoles. Plus largement, l'école de la confiance
, tant prônée par le ministre et le gouvernement, est devenue en réalité une école de la défiance
.
Derrière la cautèle médiatique et l'onctuosité feinte du ministre se cache un gant de fer. Derrière son vernis réformiste et la doxa moderniste assumée se dissimule un projet réactionnaire. Quelle réalité la souffrance des cadres et leur incapacité d'agir révèlent-elles ? Depuis 2017, du haut en bas du ministère, jusqu'aux écoles et aux établissements scolaires, une profonde rupture s'est creusée dont on ne voit pas comment on pourra en sortir avec la gouvernance actuelle.