Benni, enfant en rage
Par Jacques Vauloup le dimanche 28 juin 2020, 03:08 - Cinépassion - Lien permanent
Hyperactive, énervée de l'existence, Benni enrage quand on l'appelle par son vrai prénom, Bernadette ou quand on lui touche le visage. Sa mère l'a confiée à des structures d'aide à l'enfance. Benni est trimbalée de foyers en familles d'accueil, qu'elle terrorise à coups d'effroyables crises nerveuses, de longs cris stridents, de terribles accès de violence incontrôlables, cassant ses jouets et tout ce qui lui passe par les mains.
Elle déteste l’école, qui la stigmatise et la panique, et se déchaîne sur les autres élèves.
Que faire de cette enfant inadaptée aux normes du système éducatif ? Pourtant, certains de ses éducateurs croient en elle.
L'un d'entre eux s'isole avec elle pendant trois semaines en résidence retranchée dans les bois, pour lui laisser tout le loisir de s'énerver contre les arbres et d'expulser ses tourments. Mais cela suffira-t-il tant Benni met en échec toute recette thérapeutique simpliste ou nouvelle ? Jusqu'au risque d'épuisement du spectateur. Une révélation, la jeune comédienne Helena Zengel, toute en violence et en émotion rarement vues à cet âge. Un premier film dérangeant, touchant, brillant de la réalisatrice allemande Nora Fingscheidt, qui adapte sa mise en scène aux fulgurances de son héroïne et de sa comédienne : douceur dans les moments d'apaisement de l'enfant, caméra-vérité à l'épaule appuyée par une musique punk ou techno à fond quand Benni est en crise. On ne sort pas indemne de ce cinéma coup de poing.
Ce billet a été modifié le 1er juillet 2020