La revue Administration et éducation publie un dense, passionnant et percutant numéro dédié à cette question majeure. Avec des contributions structurées autour de six points : Contexte historique, constats sociologiques ; Dispositifs et pratiques d’accueil, diversité des parcours scolaires ; Langues d’origine et langue d’enseignement : des approches interrogées ; Jeunes et familles aux marges de l’école ; Scolarisation des élèves migrants : une préoccupation partagée en Europe ; Du côté de la formation des enseignants.

Difficile de citer préférentiellement tel contributeur ou telle contributrice tant l'ensemble est de grande qualité. Notons seulement, afin d'aiguiser l'intérêt du lecteur et de l'inviter à plonger dans cette revue de référence : L'école de la République et les élèves venus d'ailleurs (Aziz Jellab), L'orientation des élèves issus de l'immigration entre statistiques et expériences subjectives (Aziz Jellab), Le droit à l'éducation des enfants migrants (Marie-Françoise Valette), Mieux accueillir les enfants plurilingues à l’école : pour bien parler et pour bien parler le français, il faut bien parler sa langue maternelle (Amalini Simon, Christine Perego, Marie-Rose Moro), Les parents migrants et l’école : un défi pour la coéducation (Pierre Périer), Accueil d’un élève primo-arrivant en CM2, témoignage d’une enseignante (Sarah Klépal).

Pour tenter d'atténuer les ruptures, les souffrances, les brutalités et parfois même les barbaries qui ont ouvert des plaies psychiques, somatiques et culturelles très vives, l'école ne doit-elle pas être partie prenante du projet migratoire d’une famille ou, plus complexe encore, de celui d'un jeune migrant isolé ? Ceci implique qu'elle donne un rôle à la famille ou au jeune et sache les accueillir dans une démarche empathique et éducative mais aussi respectueuse des cultures d’origine, sans provoquer de conflits de loyauté.

Altérité, hospitalité, vulnérabilité, plurilinguisme, multiculturalisme : et si les enseignants français étaient moins bien préparés que leurs collègues de l’OCDE à travailler ainsi ? Claude Bisson-Vaivre et Isabelle Klépal nous disent que l'inclusion des élèves allophones questionne le cadre ordinaire de la classe et invite à repenser, pour tous les enseignants, les schémas et modalités de formation initiale et continue ; incarnant diverses ruptures, les élèves migrants bousculent nos représentations et interpellent le système éducatif à l’aune de ses propres valeurs.

L’école d’une République indivisible, laïque, démocratique et sociale doit inclure la diversité à des fins d’universalité}}. Ne laisser personne au bord du chemin, c'est aussi donner de véritables moyens aux écoles, aux établissements, aux services et aux dispositifs qui, souvent seuls et peu dotés, sont engagés dans cette mission indispensable, complexe et très exigeante.

Pour aller plus loin

Les élèves migrants changent l'école, Cahiers pédagogiques, n°558, janvier 2020