En attendant le 29 août, date de départ de la 107è édition du Tour, les juilletistes frustré.e.s du Tour pourront toujours s'avitailler aux 150 savoureuses chroniques du Dictionnaire amoureux du Tour de France de Christian Laborde (Plon, 2007).

De A comme Anquetil (Maître Jacques, quintuple vainqueur en 1957, 1961, 1962, 1963 et 1964) à P comme Poulidor (Poupou, jamais vainqueur du Tour mais sans conteste le premier des deux à l'applaudimètre) ou Puy-de-Dôme (Ah ! ce mano a mano d'anthologie dans le dernier kilomètre de l'ascension entre Anquetil et Poulidor le 12 juillet 1964...) ; B comme Bahamontes (L'aigle de Tolède, vainqueur en 1959), voiture-balai ou Bobet (triple vainqueur en 1953, 1954 et 1955) ; G comme Garin (le petit ramoneur valdôtain, vainqueur du 1er Tour en 1903) ou comme Gaul (L'ange de la montagne, vainqueur en 1958).

H comme Hinault (le blaireau, quintuple vainqueur en 1978, 1979, 1981, 1982, 1985) ou Yvette Horner (qui, de 1953 à 1955, juchée sur une auto, fit les délices de la caravane du Tour avec son piano à bretelles, au nom de Vins de France puis de Suze) ; L comme lanterne rouge (un honneur !). R comme Robic (le prince des pyrénées, vainqueur en 1947). Les couples célèbres : Gaul-Bahamontes, Coppi-Bartali, Mercks-et-Mercks (!) (le cannibale, ou l'ogre de Tervueren, quintuple vainqueur en 1969, 1970, 1971, 1972, 1974 mais aussi vainqueur de 31 classiques et trois fois champion du monde en ligne), Hinault-Fignon...

Poésie, lyrisme et humour. En 1947, Bourvil chante A bicyclette : Je m'en allais chercher des oies du côté de Fouilly-les-oies à bicyclette... Mais aussi : les maillots qui comptent (jaune, vert, blanc, à pois), les musettes et les ravitaillements, les échappées et les bordures, les défaillances spectaculaires et les randos solitaires, les abandons et les bastons, la montagne et la plaine, les sprints et les contre-la-montre, les chutes et les triomphes. Et encore : la France qui défile sous nos yeux entre bastides, villages, champs cultivés, villes, sommets dénudés, canicules méditerranéennes et tempêtes nord-atlantiques, giratoires désormais pléthoriques (ronds-points ennemis jurés de tous les cyclistes) et passages à niveau avec barrières (il en reste).

Toutefois, l'auteur de l'ouvrage, qui en connaît un rayon et a plus d'une anecdote dans sa musette, passe trop vite à mon goût sur les dérives du sport-business et de la dope : Tom Simpson (mort sur les pentes du Ventoux le 13 juillet 1967), Marco Pantani (mort prématurément à l'âge de 34 ans), Floyd Landis (vainqueur en 1975 puis déchu de son titre pour dopage), et bien entendu Lance Armstrong (vainqueur de 7 éditions du Tour puis déchu de ses 7 victoires)... Le Tour, mon Tour, as-tu vaincu tes démons ?

Et toujours, malgré tout, cette magie du Tour pour les géants ou les forçats de la route : qu'est-ce qui peut bien faire courir tant de gens de France et d'ailleurs sur les routes du Tour au point d'attendre des heures, et parfois des jours et des nuits, le passage éclair du peloton, quelques secondes, quelques minutes si fugaces, si vite échappées ?

Pour rouler plus loin

La belle échappée, musée du vélo à La-Fresnaye-sur-Chédouet (72600) Une création d'Ivan Bonduelle, amoureux du Tour et de la petite reine, chasseur d'autographes, masseur de Louison et Jean Bobet

Le Tour de France, ou comment le vélo dessine la France, Gilles Fumey, Les cafés géographiques, 22 juillet 2010

Ce billet a été modifié le 4 août 2020