Dans Le Monde du 5 juillet, Guillaume Duvivier, 22 ans, en fin de contrat, estime avoir bénéficié d'une « chouette parenthèse enrichissante ». Il raconte comment, après quatre années d’études de droit à la Sorbonne, il a éprouvé « le besoin de faire une pause après un master 1 éprouvant, en raison de la crise sanitaire ».

Il parle de sa mission de service civique chez Unis-Cités ; il y a appris « à mettre sur pied un projet, gérer un budget, communiquer, interviewer des gens, monter des sons ». Guillaume compte s’appuyer sur cette énergie retrouvée pour passer le concours du barreau dès septembre.

Peu importe que la motivation sociale et citoyenne ne vienne qu'en 3è ou 4è place dans le choix des jeunes 16-25 ans de s'engager dans un contrat civique, après la recherche d'une expérience professionnelle et d'un revenu, certes modique (601 euros/mois). Le service civique a gagné, d'année en année, un succès d'estime et pris de l'ampleur : plus de 600.000 jeunes depuis 2012, et autour de 140.000 jeunes en 2019 puis en 2020.

Il est indéniablement devenu, à côté des stages, un outil efficace d'insertion professionnelle. Réfléchir à son avenir, souffler un peu dans un parcours de formation exigeant, reprendre pied après un décrochage scolaire au lycée, ajouter une ligne sur son CV, s'engager à l'international... Toutes les motivations sont bonnes.

Plus compliqué pour les moins diplômés

Refusé à l’entrée du master de psychologie auquel il avait postulé en 2020 à la suite de sa licence, Wilfried, Bordelais de 24 ans, a réalisé une mission en service civique dans une association spécialisée dans la prévention des addictions. Il a retrouvé de la confiance en soi et a finalement décroché une place en master de psychologie.

Plus préoccupant, les jeunes moins diplômés, les décrocheurs, les Not in education, employment or training (NEET) sont moins nombreux que les plus diplômés à utiliser ce dispositif. En outre, parfois acculés à choisir une mission de service civique à défaut d'autre chose de plus solide, les 6 à 12 mois de mission peuvent constituer pour eux une nouvelle séquence de précarité déconnectée de possibilités professionnelles ultérieures.

Quant aux recruteurs, la mention « service civique » sur un CV semble constituer pour la majorité d'entre eux une expérience positive. Au même titre qu'un stage, dès lors qu'il est réussi et que la personne sait argumenter sur ses missions, ses compétences, ses motivations.

Au début, un dispositif pour voir porté par Martin Hirsch. Douze ans plus tard, la mission de service civique dure, s'ancre, s'amplifie ; elle a fait ses preuves. Elle est bien connue du secteur associatif (61% des missions en 2021). Son succès souligne l'importance d'une action bien calibrée en fonction des réels besoins des jeunes.

Toutefois, elle n'est pas exempte de dangers, profite surtout aux plus diplômés. Surtout, elle ne peut se substituer à l'instauration, non résolue pour l'heure, d'un revenu minimum ou d'une aide universelle pour les jeunes 18-25 ans.

Pour aller plus loin

INJEP, Le service civique en chiffres, août 2022, 2 p.

Unis-cités, association experte du service civique en France

Francou Q. (2021), Évaluation du service civique, INJEP, mai 2021, 93 p.

Service civique, site gouvernemental

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