La crise sociale de l'après-guerre a provoqué un chômage endémique sans précédent en Italie et en Europe. Tourné dans les faubourgs de Rome avec des acteurs amateurs, Le voleur de bicyclette (Ladri di biciclette) est un drame du chômage, de la solitude, de la misère. Mais c'est aussi une ode à la tendresse, à la générosité et à l'amour filial.

À partir d'un fait-divers de la vie quotidienne qui advient à un travailleur pauvre insignifiant, incident qui paraîtrait bien banal aujourd'hui (mais n'oublions pas que la bicyclette était vitale après guerre, et pas seulement en Italie), Vittorio De Sica met au centre de l'intrigue le vélo, le père catastrophé du vol de son vélo et des conséquences désastreuses pour son travail et la vie familiale, et son fils de 8-9 ans, au regard allumé quand son père aura acheté son vélo et endossé l'uniforme d'afficheur, et au regard éteint après le vol.

Ce jeune garçon participera activement à la recherche de la bicyclette. En vain. Beaucoup d'images urbaines de Rome montrent la ville pleine de petits garçons au travail et non à l'école : servir l'essence chez un garagiste, cireur de chaussures, etc. Le réalisme de De Sica montre la réalité telle qu'elle est, tout simplement.

− Du nouveau, brigadier ? (au poste de police)

− Non, c'est rien, un vol de bicyclette...

Vittorio De Sica nous bouleverse par l'entremise d'un enfant en train de plier sa veste, d'un autre qui mange, d'un enfant qui se fâche, d'un enfant qui prend la main de son père (Jean Cocteau, Paris-Presse, 26/08/1949). Et dire qu'aucune scène n'est tournée en studio... Et dire que tous les acteurs sont amateurs... Du grand art.