Monter sa vie, coinc(id)er parfois
Par Jacques Vauloup le mardi 11 août 2020, 06:25 - Cinépassion - Lien permanent
Commencé par une sortie à vélo entre amis sur les pentes du col de Vence, The climb, du réalisateur-acteur américain Michael Angelo Covino, monte tout de suite en pression. Mike et Kyle vont se séparer, se rapprocher, se séparer puis se rapprocher... Dialogues sur le fil, entre humour et gravité. Et grande subtilité.
Deux amis d’enfance unis par un lien indéfectible jusqu’à ce que le premier annonce au second qu’il a couché avec sa future femme. La scène d’ouverture – où les deux personnages escaladent en danseuse le col de Vence – donne le ton du premier film de Covino. Avec The Climb, le réalisateur explore les méandres de l’amitié. Ou quand une amitié forte devient toxique quand l’un essaie de faire le bonheur de l’autre à tout prix, y compris en écartant les femmes avec qui ce dernier veut se mettre en couple au motif qu’elles ne seraient pas assez bien pour lui.
Dans Libération du 28 juillet, Sandra Onana signale à juste titre les clins d'oeil faits avec délicatesse par Covino au cinéma français : César et Rosalie (Sautet, 1972), Le grand amour (Etaix, 1968). Elle ajoute : Le karma existe. Le cocu (dadais débonnaire dépeint comme un homme carpette, le dindon et l’oie blanche de la farce) finit par retrouver l’amour. Et le salaud, devenu veuf et flapi, se mue en épave vis-à-vis duquel le film ne cherche heureusement pas à nous extorquer la moindre sympathie. (...) Tout au long de ce lancer de tartes à la crème biliaires, c’est sans trémolos que Covino se pose la question, et en réalité le problème, des gens dont on s’entoure pour devenir adulte, comme une manière de rester coincé avec eux.
Une interprétation irréprochable du tandem Covino (Mike) - Marvin (Kyle), amis dans la vie aussi. Les longs et beaux plans-séquences permettent de pénétrer au plus profond des personnages. Une bande musicale de qualité. Bref, une bonne comédie, attachante et grinçante, comme on n'en voit plus beaucoup ces dernières années au cinéma.