Destinée essentiellement aux cyclistes, la campagne de prévention développée ces derniers jours par la Délégation à la sécurité routière vise-t-elle juste ? La solution est-elle de blâmer les victimes passées, mortes ou blessées gravement, qui auront eu la malchance d'être là, à ce moment précis, face à l'inattention, la négligence, l'incivilité, la dangerosité d'un automobiliste, d'un conducteur de poids lourd ou de bus ?

Est-ce sérieux de stigmatiser les futures victimes au point qu'elles hésitent à enfourcher leur vélo et qu'elles se rabattent, pour plus de sécurité, sur les transports en commun ou les véhicules individuels ? Ne faudrait-il pas plutôt tout simplement respecter les usagers vulnérables − piétons, cyclistes − et leurs aménagements dédiés : pistes cyclables, tourne-à-droite, trottoirs, voies apaisées ?

Or, force est de constater que l’obligation pour les poids lourds de se doter d’outils d’élargissement du champs de vision leur évitant de tuer piétons et cyclistes dans les giratoires, les angles morts et les tourne-à-droite se fait désirer. L'arrêté du 3 septembre 1997 (article 10) impose aux camionnettes, camions, autobus et autocars, véhicules très spéciaux et autres, soumis aux prescriptions du titre II du code de la route, d’avoir deux rétroviseurs extérieurs situés l’un à gauche, l’autre à droite, à au moins 1,90 m du sol et répondant à de multiples critères techniques.

L'arrêté du 10 avril 2008, relatif au montage a posteriori de rétroviseurs sur certains véhicules poids lourds impose aux véhicules de plus de 3,5 tonnes, immatriculés après 1999, d’avoir un rétroviseur à grand angle et un rétroviseur dit d’accostage. Est-il suffisamment appliqué, notamment sur les véhicules les plus anciens ?

Que va décider l’Europe ? La réglementation européenne devrait faire mieux, mais pas avant 2022, voire 2025 (véhicules neufs) ou 2028 (véhicules anciens), et encore cela devra-t-il être transposé en droit français. Ainsi les technologies de vision directe, les assistances à la conduite verront-elles le jour... un jour !

En attendant l'Europe, sur quoi agir ? D'abord les équipements routiers urbains et péri-urbains : passage des centres-villes en zone 30 et en voies apaisées-partagées, pistes cyclables, garages sécurisés pour vélos. Ensuite, et plus que jamais, l'éducation à la sécurité routière pour tous : les enfants et adolescents des écoles, des collèges et des lycées, des universités ; mais aussi les adultes.

Pour finir, deux dispositifs intéressants : les conseils sur la route avec les enfants prodigués par la Délégation à la sécurité routière ; et le dispositif éducation à la sécurité routière routière développé depuis de nombreuses années par la MAIF en liaison avec les enseignants. Mais limiter cette éducation indispensable aux premiers âges de la vie ne résoudra pas le problème de l'incivilité, de l'inattention, de l'irrespect et de la dangerosité des adultes au volant.