Propos orientés

Nous voulons vivre... Il est interdit d'interdire... Du passé, faisons table rase... Métro, boulot, dodo... Engagez-vous... Sois jeune et tais-toi... Soyez réalistes, demandez l'impossible... Vivre au présent... Tout ce qui est discutable est à discuter... Mesure-t-on à leur juste valeur ce que fut la créativité et la liberté profuses de cette étrange crise existentielle qu'aura été, d'abord, la révolte des jeunes en mai 68 ? Dans La veille du grand soir, Patrick Rotman et Sébastien Vassant en livrent une saisissante et éloquente démonstration.

Dans son Journal des années noires (1940-1944), le professeur de khâgne parisien Jean Guéhenno (1890-1978), né à Fougères dans un milieu pauvre, contraint d’abandonner l’école à quatorze ans pour s’engager comme employé dans une usine de galoches, mais qui continuera à étudier seul après ses journées de travail, raconte, le 3 octobre 1941, en pleine occupation allemande triomphante et en totale collaboration de l'État français du haut en bas de l'appareil d'État :

En suivant pas à pas, dans L'école qui classe, les trajectoires scolaires de 530 élèves du primaire au Bac, la sociologue Joanie Cayouette-Remblière montre comment se construisent, concrètement, les inégalités scolaires, et comment l'institution scolaire marque les individus qui la fréquentent. L'échec et les ruptures se produisent de plus en plus à l'intérieur même du système, les jugements scolaires n'en sont que mieux intériorisés : "les classes populaires se sont approprié l'enjeu, pas les règles du jeu" (p. 11). Un livre sur les inégalités en train de se faire.

"J'ai 18 ans. Je suis interne à Limoges, premier de ma lignée, comme beaucoup de mes condisciples, à fréquenter l'enseignement supérieur, effaré du dénivelé qui sépare les contenus de pensée soudain entrevus, la culture savante, urbaine, lettrée, de l'idée simplette, pauvrette qu'on se faisait de la vie, de tout, dans les vallons déserts, sous le taillis ombreux que je viens de quitter.

Psychologue clinicienne dans le premier degré à l'éducation nationale, docteure en psychopathologie, chargée de cours à l'UCO d'Angers, Virginie Martin-Lavaud a publié en 2017 aux éditions Erès un ouvrage indispensable sur la clinique quotidienne du/de la psychologue exerçant en milieu scolaire : Psychologue à l'école.

En juillet 1992, dans le cadre des universités d'été organisées par le ministère de l'éducation nationale, l'inspection académique de la Corrèze organisa une semaine entière de rencontres, de découvertes et de débats sur la thématique du passage d'une ad-mini-stration contraignante à une ad-mini-stration facilitatrice. Les idées du sociologue Michel Crozier étaient florissantes alors (Le phénomène bureaucratique, Etat moderne Etat modeste, La société bloquée, On ne change pas la société par décret, L'acteur et le système).

Depuis 1984, la revue trimestrielle 303 consacre ses éditions successives aux arts, aux recherches et aux créations. La revue révèle les richesses patrimoniales et la création artistique en Pays-de-la-Loire. D'où 303 : Mayenne (53) + Sarthe (72) + Vendée (85) + Maine et Loire (49) + Loire-Atlantique (44) = 303.

Dans la suite éditoriale des 800 références pour des pratiques réflexives en orientation parues en février 2009 dans la collection EduSarthe, je propose 1001 PRO Pratiques réflexives en orientation, mai 2014. Cinq ans après l’édition de 2009, une production complétée, améliorée, illustrée et référencée (146 pages).

Quid des Parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF) ? Depuis 2008, de la 5è à la terminale, les PDMF ont fait suite à l’éducation à l’orientation (1996). Cinq ans après, qu’avons-nous donc fait des PDMF ? Le 27 mars 2013, la DSDEN (IA) de Maine-et-Loire a organisé au lycée Bergson à Angers une journée d’études là-dessus. De quoi faire le plein d’énergie pour donner un second souffle aux parcours de découverte des métiers et des formations.

Sociologue, cadre dirigeant dans une grande entreprise industrielle, Christian Morel publie en 2012, chez Gallimard, Les décisions absurdes. II Comment les éviter. A première vue, on pourrait croire à une publication humoriste ou racoleuse de plus. C'est tout à fait sérieux au contraire. En 2002 déjà, il avait publié le premier volet de sa grande enquête de terrain sur la négociation, la décision et le sens de l'action dans Les décisions absurdes, sociologie des erreurs radicales et persistantes.

Après 40 ans de conseiller d'orientation-psychologue, dont 35 années dans l'académie de Nantes − CIO Angers, CIO Nantes − et une fin de carrière professionnelle au CIO de Bordeaux Nord − où il continua à ouvrir des voies de défricheur de nouvelles parois abruptes −, il nous livre ce très beau message : "Mon métier m'a construit". Innovateur, inventeur, défricheur, laboureur, formateur, proche des professeurs, il eut parfois du mal à faire accepter auprès de ses collègues conseillers sa manière de bâtir son métier, son genre professionnel si spécifique, mais si indispensable. Car que peut un conseiller d'orientation-psychologue sans les profs ?

À celles et ceux qui douteraient encore de l'ancrage d'abord scolaire de l'orientation, à celles et ceux qui ne verraient pas les liens fondamentaux entre l'orientation et toute réforme d'envergure de l'enseignement et de l'éducation, à celles et ceux qui n'auraient pas perçu les relations vitales entre orientation et démocratie, on conseille vivement de relire le petit ouvrage (grand livre) que publia Roger Gal en 1946 aux PUF : L'orientation scolaire, malheureusement épuisé aujourd'hui.

Universitaire et helléniste de renommée internationale, sociétaire de l'Académie française, défenseure des Belles Lettres et, derrière les Lettres classiques, d'une exigence de tous les instants dans l'enseignement des nouvelles générations, Jacqueline de Romilly (1913-2010) aura caché un livre secret sur sa mère Jeanne, écrit en 1977. Elle l'avait confié à son éditeur et ami Bernard de Fallois en 1977, qui l'a publié fin 2010 à la mort de l'auteure et sur ses instructions. Une mère adorée.